Zerguine : «Sonatrach a surpayé pour un projet non réalisé»
L'ex-PDG du groupe Sonatrach a affirmé ce lundi devant le tribunal criminel d'Alger, en tant que témoin dans l'affaire Sonatrach 1, que le coût du projet du gazoduc entre l'Algérie et la Sardaigne (GK3), était élevé et injustifié des points de vue technique et commercial. Abdelhamid Zerguine a révélé que Sonatrach pouvait, alors, annuler le marché sans incidences financières alors que deux sociétés seulement étaient en course, ajoutant que le groupe italien Saipem Contracting Algérie qui a obtenu le marché a majoré le coût à hauteur de deux millions de dollar le kilomètre alors que le coût réel ne dépassait pas 1,2 million de dollars, rapporte l’APS. Selon le même témoin, le projet aurait pu être réalisé dans les délais par une société algérienne. Il a précisé que le marché du projet avait été annulé après l'annonce de sa non-faisabilité pour lancer un appel d'offres national. Selon un rapport comparatif avec les témoignages de Yahia Messaoud, présenté par le juge Reggad, président du tribunal, les prix du groupe Saipem étaient élevés à hauteur de 68% par rapport au marché mondial et à hauteur de 118% par rapport au budget du projet. Ce que Zerguine a affirmé concernant les prix qui étaient, selon lui, «exorbitants». Zerguine a estimé que le projet aurait pu être réalisé avec un coût de moins d'un million de dollars le kilomètre, citant à cet effet un projet similaire, entamé en 2012 concernant un gazoduc de Reggane à Hassi Messaoud, réalisé au prix cité par des sociétés algériennes dont Cosider. Le même témoin a indiqué que le groupe Saipem justifiait ce coût par l'aspect relatif à la sécurisation de son personnel, ce qui est injustifié, selon lui, ajoutant que des projets similaires ont été réalisés dans des conditions plus difficiles et avec des coûts moindres. Pour Zerguine, le projet GK3 n'a pas atteint son objectif principal, à savoir le transport du gaz algérien vers l'Italie, précisant que le gaz n'a jamais été transporté jusqu'à présent par le biais du GK3 dont la mission s'est limitée en l'approvisionnement de certaines wilayas en gaz. Il a estimé, par ailleurs, que les cadres de la compagnie qui étaient chargés de ce dossier, à commencer par Zenasni jusqu'au PDG, auraient pu annuler le projet. Il a également affirmé qu'il ignorait toute transaction liant le fils de Mohamed Meziane et le groupe Saipem. Ce marché avait été passé au gré à gré simple en négociant les prix au profit du groupe italien Saipem Contracting Algeria. Le projet GK3 avait été divisé en trois lots, le troisième étant revenu à Saipem Contracting Algeria malgré ses prix «élevés», selon le témoin. Le projet a été lancé conformément à la directive R15 A408 à travers l'annonce de l'appel d'offres ouvert qui a permis de retenir 11 sociétés pour les lots 1 et 2 et 6 sociétés pour le lot 3.
R. N.