La ruse de «l’Etat civil»
Par R. Mahmoudi – Certains commentateurs, parmi lesquels des «experts militaires», persistent à dire que le parachèvement de la restructuration des services de renseignement, qui s’est traduit par la création d’une nouvelle structure à la place du DRS, participe d’un projet, initié et longtemps mûri par le chef de l’Etat, devant accoucher d’un «Etat civil». Un leitmotiv lancé par Amar Saïdani et répété machinalement, après lui, par tous les thuriféraires du Président et de son programme. L’argument le plus employé dans ces commentaires est que Bouteflika a retiré les différentes directions de l’ex-DRS du ministère de la Défense nationale pour les rattacher, dans leur forme innovée, à la présidence de la République. Traduction : l’armée perd ainsi son bras politique qui lui permet de garder la mainmise sur la société civile. C’est l’image que les décideurs veulent précisément renvoyer, surtout à une opinion internationale nourrie de clichés sur l’Algérie, en donnant l’impression qu’un pas de géant a été franchi dans le sens d’une «démilitarisation» du pouvoir. Tout cela pour que, en fait, le même pouvoir reste en place. Or, la vérité est que, par une parade subtile, le chef de l’Etat n’a fait que récupérer les quelques directions ou services qu’il avait ordonné de rattacher momentanément à la Défense nationale et d’en geler l’activité jusqu’à nouvel ordre. Cette manœuvre est bien la preuve que le DRS ne relevait pas des Tagarins avant l’annonce de ces nouvelles mesures. Pourquoi n’ose-t-on pas avouer que les services spéciaux ont toujours relevé de la présidence de la République ? Qu’est-ce qui est politiquement plus profitable ? Se targuer d’avoir réorganisé les services de renseignement de son pays ou d’avoir «neutralisé» un contre-pouvoir ?
R. M.
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