Baisse de la publicité : vers la fermeture de journaux et des licenciements massifs dans la presse
Plusieurs directeurs de journaux ont réuni leurs staffs pour leur faire part des difficultés financières que traversent leurs publications, a appris Algeriepatriotique de sources concordantes. L’écrasante majorité des quotidiens, qui vivent quasi exclusivement de la publicité institutionnelle via l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), est touchée de plein fouet par la baisse des annonces légales due à un ralentissement des projets depuis la baisse drastique des recettes pétrolières du pays. Désorganisée, la corporation fait face à une crise qui risque de réduire le nombre de journaux de deux tiers – au bas mot – dans les mois à venir, et aucune solution ne semble envisageable dans les circonstances actuelles. Même si les responsables politiques ne le disent pas ouvertement, une limitation du nombre de journaux arrange plus qu’elle ne dérange. La baisse de la publicité est, en effet, quelque part, une aubaine pour le gouvernement qui verra le nombre de journaux se réduire comme une peau de chagrin sans que cela soit dû à quelque «volonté politique» de museler les médias ou de porter atteinte à la liberté d’expression. De leur côté, les propriétaires de la pléthore de titres n’ont jamais sérieusement envisagé de défendre le métier, agissant chacun de son côté par égocentrisme, les uns cherchant à s’attirer les faveurs du pouvoir, les autres amassant des fortunes sur le dos de leurs employés sous-payés. Même les «grands journaux» ne sont pas épargnés par la crise. La baisse de la publicité étatique a coïncidé avec un climat économique morose qui a poussé les principaux annonceurs privés, notamment les opérateurs de téléphonie mobile et les concessionnaires automobiles, soit à limiter leurs annonces au strict minimum, soit à réorienter leur politique de communication. Cette nouvelle donne s’est faite au détriment de la presse écrite qui s’est vu remplacer par les sites électroniques et les chaînes de télévision privées qui, assurent certaines sources, bradent leurs prix. La presse connaît des jours difficiles et aucun signe n’indique que la situation va s’améliorer. Après le boom du début des années 1990, né de l’ouverture démocratique, et le rebond des années 2000, rendu possible grâce à la manne pétrolière, la presse agonise.
Sarah L.