Le pouvoir s’isole
Par Kamel Moulfi – Le projet de révision constitutionnelle est entré dans un espace à huis clos d’où il en ressortira dimanche, apprend-on, devant les députés et sénateurs réunis ensemble en séance plénière pour la formalité du vote qui le transformera en nouvelle Constitution algérienne. On peut se demander pourquoi le huis clos a été appliqué à la réunion que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a tenu hier avec les membres des deux chambres parlementaires. Cachent-ils quelque chose aux Algériens ? Comment expliquer une telle démarche qui isole le pouvoir sur un segment supplémentaire et à propos d’une question qui concerne l’ensemble du pays et qui l’engage pour l’avenir ? On comprend d’autant moins ce comportement quand on constate que le projet présidentiel pêche par un déficit d’intérêt au niveau de la population et a fait l’objet carrément d’un rejet de la part d’une partie de l’opposition. Ce qui prouve qu’au contraire, il a besoin de plus de médiatisation dans toutes ses phases, sans aller jusqu’à parler de transparence qui reste encore un lointain objectif à atteindre dans la pratique du pouvoir en Algérie. Mais, en réalité, c’est l’aboutissement logique d’une démarche qui a commencé il y a quelque quatre ans et qui a vu sa base se rétrécir au fur et à mesure de son cheminement. Des événements majeurs ont fortement interféré sur le «processus» de révision constitutionnelle, dont le plus important évidemment a été la maladie du président Bouteflika, ce qui a sans doute infléchi tout le programme de débats et de consultations et pesé négativement sur l’adhésion de la population à cette démarche. Le choix du vote par le Parlement au lieu du référendum a été l’indicateur le plus significatif de ce changement de cap désormais orienté vers la facilité. De toutes les façons, le référendum aurait été une aventure dans le contexte actuel, avec la cassure, au sommet du pouvoir, du consensus qui sert habituellement à mettre en place les mécanismes permettant de garantir le «bon déroulement» des référendums et autres consultations électorales. Le huis clos est-il un signe de cette absence de consensus ?
K. M.
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