Attention au glissement !
R. Mahmoudi – Après les émeutes réprimées d’Oued El-Ma, la semaine dernière, un nouveau cycle de violence urbaine commence à prendre forme depuis quelques jours un peu partout dans le pays et agit comme une vague de fond. De Béni-Amrane, dans la wilaya de Boumerdès, où règne une tension permanente depuis plusieurs jours, à Tizi Ouzou, où les étudiants manifestent périodiquement contre l’insécurité dans leurs résidences en affrontant les forces du maintien de l’ordre, à Bologhine, où des échauffourées entre supporters déchaînés et policiers ont failli, cette semaine, déborder dans la rue en émeute, les foyers de tension se multiplient. Cette vague de contestation s’amplifie de semaine en semaine, pendant que la classe politique, pouvoir et opposition, s’englue dans un simulacre de débat autour de la révision constitutionnelle. Une constante dans tous ces mouvements de protestation : l’administration laisse s’accumuler les problèmes jusqu’à l’explosion, obligeant ainsi les forces de sécurité à «tout faire» – c’est-à-dire à réprimer encore et toujours – pour éviter une contagion qui risque de prendre de l’ampleur et d’être «exploitée» par des aventuriers politiques. Pour pallier cette absence d’autorité politique – ou de «police politique», pour certains –, on charge les forces antiémeutes de redoubler de répression pour mater les manifestations. On est, là, loin du dogme cher au directeur général de la Sûreté nationale sur «la gestion démocratique des foules». En effet, nos dirigeants ne savent pas que, de cette façon, ils sont en train de se discréditer aux yeux de la communauté nationale et de conforter dans leur démarche ceux qui veulent accélérer l’avènement d’un «printemps arabe» en Algérie, en creusant le fossé, qui est déjà assez profond, entre l’Etat et la population et en maintenant vive la braise de la discorde : les révisionnistes de tous bords, les salafistes, les revanchards. Et, surtout, les zélateurs du «qui tue qui» qui annoncent leur retour d’exil, l’un après l’autre.
R. M.
Comment (35)
Les commentaires sont fermés.