Inquiétante sortie du DG de l’Algérienne des eaux : vers une forte augmentation des prix ?
L’Algérienne des eaux court à sa perte. Elle souffre d’un déficit abyssal et c’est son directeur général, Zidane Merah, qui le dit haut et fort. Le DG de l’ADE n’est pas un habitué des médias. Quand il s’exprime, c’est en général pour servir un discours plat visant à rassurer que tout va bien. Cela n’a pas été le cas ce jeudi où M. Merah a déclaré que la société étatique qu’il dirige est confrontée à de «sérieuses difficultés», essentiellement de trésorerie. Le DG de l’ADE enchaîne en affirmant que la seule voie de salut est qu’il y ait «un effort collectif avec l’appui des pouvoirs publics» afin de faire face à cette situation qui menace l’alimentation en eau potable des Algériens. Pour M. Merah, il s’agit donc d’une «étape délicate» qu’il faudra passer «ensemble». En décodé, le DG de l’ADE informe les Algériens que leur alimentation en eau potable ne pourra être sécurisée qu’en déboursant plus d’argent. Autrement dit, l’augmentation du prix de l’eau s’annonce inévitable et surtout imminente. M. Merah, qui a tenu ces propos lors d'une rencontre qui l'a regroupé avec une centaine de cadres syndicaux, précise que l’entreprise perd 30 dinars par m3 d’eau distribué. Un déficit énorme qui devrait s’aggraver avec une augmentation des charges dues à la hausse du prix de l'énergie (+20%) et du gasoil (+40%). Le DG de cette entreprise publique a donc planté le décor d’une incontournable révision à la hausse des prix que le gouvernement cherche à faire passer à petites doses par crainte de susciter de graves mécontentements populaires. Le DG de l’ADE traite-t-il par son discours une volonté des pouvoirs publics de franchir le pas et d’aller vers l’application graduelle de la vérité des prix dans un contexte politico-social et économique tendu ? S’agit-il d’un cri de détresse d’un responsable qui craint pour l’avenir d’une branche d’activité qu’il dirige ? Et, étrangement, la sortie du DG de l’ADE intervient quelques jours après les déclarations rassurantes du ministre des Ressources en eau sur l’absence de toute augmentation du prix de l’eau. Répondant à une question en marge de l’ouverture du Salon international des équipements et services de l'eau et de l'environnement (SIEE-Pollutec) à Alger, Abdelouahab Nouri a totalement écarté la hausse des prix de l’eau. Le ministre a affirmé qu’il «n’est pas question de revoir le prix de l’eau à la hausse» et que «le taux de remplissage des barrages est à hauteur de 65% alors que les 13 stations de dessalement produisent pas moins de 2,3 millions de m3/jour». Le ministre a estimé qu’il y avait d’autres manières d’agir, notamment en réduisant les coûts et les dépenses. Ce à quoi le DG de l’ADE semble avoir répondu en estimant que la réorganisation de l’entreprise qu’il dirige n’est pas suffisante pour amortir les pertes dues à un prix dérisoire du mètre cube d’eau. Que va-t-on donc faire ? Le gouvernement va-t-il prendre le risque d'exacerber davantage les couches sociales en décidant d'une autre augmentation qui s'ajouterait à celles déjà en vigueur et qui grèvent le budget des foyers ? On le saura dans les tout prochains mois. Car avec un prix du pétrole fluctuant, il faudra s’attendre à une accentuation du déficit budgétaire de l’Etat.
Sonia Baker