Le PAGS et cette légalité inopportune
Par Saâdeddine Kouidri – Le Parti d'avant-garde socialiste sortait de la clandestinité au moment même où le mur de Berlin tombait, au moment où dans le monde le socialisme était remis en cause. Il sortait de la clandestinité au moment où Chadli donnait une assise politique anticonstitutionnelle à la féodalité algérienne. Si la sortie de la clandestinité était inopportune, la participation aux élections communales à côté de partis qui utilisaient l'islam devenait un crime, un suicide. A qui incombe un tel suicide ? Aux militants, aux infiltrés ou à cette direction dont le numéro un était Sadek Hadjeres ? Ni aux uns ni aux autres, encore moins à cette direction qui a bataillé pendant longtemps et qui a su semer, sans pouvoir récolter, fauchée par les assassins que certains voulaient élever au rang de partenaires politiques. Le PAGS s'est disséminé en plusieurs partis et le plus tragique a été l'idée fixe de certains camarades à vouloir s'allier avec des islamistes au moment même où ils canardaient non seulement les camarades, mais les policiers, les écolières, leurs enseignants et le peuple en général. Si une idée fixe peut donner des ailes, c'est tant mieux, sauf qu'il faut savoir que cette idée a été aussi destructrice que l'insuffisante conscience, car aujourd'hui, c'est l'idée maîtresse du pouvoir, son liant pourrait-on dire. Ce dernier donne donc plus que raison à Sadek Hadjeres qui déclarait que certains pouvaient être assimilés à des «islamistes démocrates» et il ne pouvait donc qu'être catastrophé par ceux-là mêmes qui voulaient rattraper sa bourde en demandant l'interdiction du FIS parce qu'il était anticonstitutionnel. Les faiblesses du pouvoir depuis Chadli ne cessaient de l'entraîner dans le giron des antidémocrates et de la féodalité qui sont à l'origine du blocage de la société. Maintenir le peuple dans une conscience religieuse, l'empêcher d'accéder à une conscience politique a toujours été le but commun de la colonisation, de la néocolonisation, de la réaction et des antidémocrates. Faut-il rappeler qu'avant l'indépendance, nous étions des «Français musulmans» ? La légalisation du FIS n'a pas été dénoncée par S. H. C'est, il me semble, sa plus grave erreur. Cette erreur est à l'origine de l'affaiblissement du parti et de sa division. Nous savons aujourd'hui grâce à ses écrits qu'il ne pouvait pas en être autrement. Le fait de ne pas rappeler le crime de Chadli dans sa légitimation anticonstitutionnelle de partis qui utilisent la religion donne une fausse note aux évènements où se sont lobé les planqués, les fuyards, les «qui tue qui», les contractuels de Sant’Egidio à Rome, en janvier 1995, jusqu'aux assassins d'aujourd'hui. La réconciliation avec les islamistes remonte à Boumediene quand il s'est acoquiné avec Taleb El-Ibrahimi. Elle n'est pas la création de l'actuel président, mais une constante du système politique algérien dont la première caractéristique est l'antidémocratie, marquée par l'anticommunisme. A la sortie de la clandestinité, le PAGS a été pris entre deux feux, les islamistes, et tous ceux qui ont en commun leur haine contre les libertés et particulièrement la liberté de la femme. Ils ont étouffé le parti dans ses balbutiements à la légalité sans qu'une direction n'ait pu anticiper l'étranglement malgré les signes manifestes de l'extérieur. La légalisation du FIS et consorts a été fomentée, encouragée pour enterrer définitivement l'idéal socialiste et dire qu'aujourd'hui même, c'est au nom de l'idéal socialiste qu'un candidat étatsunien cherche à briguer la Maison-Blanche !
S. K.
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