Constitution : ce qui manque
Par R. Mahmoudi – Les deux chambres du Parlement vont voter aujourd’hui, sans débat, le projet de révision de la Constitution, pour prouver de façon cérémoniale qu’elles ne sont que des chambres d’enregistrement du pouvoir exécutif. En même temps, le choix pris par le chef de l’Etat – et adoubé par le Conseil constitutionnel – de faire passer le projet par voie parlementaire est la preuve que ce même projet est loin d’être ce que ses promoteurs et laudateurs tentent de nous vendre, à savoir qu’il annoncerait la naissance d’une «deuxième République», qu’il va révolutionner les mœurs politiques dans le pays, avec tant d’«acquis démocratiques», une officialisation «historique» de tamazight, etc. Car, si réellement tel était le cas, la voie la plus légale pour le faire adopter serait la voie référendaire. On nous a expliqué qu’un référendum est préconisé dans le cas seulement où le changement de la Loi fondamentale toucherait aux «grands équilibres» liés aux trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Or, c’est ce qui manque justement d’être réformé dans notre pays : la prééminence de l’exécutif sur les deux autres pouvoirs. La question qui mérite d’être posée est de savoir pourquoi le chef de l’Etat et ses partisans rechignaient tant à soumettre leur nouvelle Constitution au débat et au suffrage populaire, du moment qu’ils voulaient en faire une innovation, voire un acte fondateur de quelque chose d’inédit. Pourquoi avoir promis des merveilles pendant si longtemps – l’idée a été lancée en avril 2011 – pour aboutir à un texte aussi bancal et le soumettre à un simulacre de vote ? A quoi aura servi toute cette mobilisation des médias et des moyens de l’Etat, si la finalité était de mieux verrouiller le débat et de scléroser les institutions ? Ils auraient pu en faire l’économie, car, de toutes les façons, nul ne leur aurait reproché. Nul n’espérait plus rien d’eux. Le savaient-ils au moins ?
R. M.
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