Une tempête dans un verre d’eau
Par Abdelaziz Ghedia – La météo parisienne n'a pas donné l'alerte. Ni rouge ni orange. En Algérie, non plus, il n'y a pas eu de BMS, comme il est de coutume lorsque les services de la météo se rendent compte, sur les images du satellite, le nôtre bien sûr, Alsat 2, qu'il se prépare un chamboulement sérieux au niveau de la stratosphère. Nonobstant cela, nous venons d'apprendre via les réseaux sociaux qu'il y a eu, ce jour, samedi 6 février, une tempête dans un… verre d'eau, à Paris. Plus précisément du côté du quartier où se trouve l'ambassade ou le consulat d'Algérie. En effet, quelques éléments de notre diaspora en France se sont réunis, en ce lieu, pour dire non à l'article 51 de la nouvelle mouture de la Constitution de la RADP qui va être votée aujourd’hui dimanche 7 février par les deux chambres d'enregistrement réunies. Ainsi, d'emblée, nous voyons bien qu'il ne s'agit que de réunions. Une par-ci, une par-là. Mais où est l'intérêt du peuple algérien dans tout cela ? Personnellement, je ne le vois nulle part. En Algérie, la minorité qui gouverne ce peuple dit que ce sont les consultations avec les représentants de ce peuple, à savoir certaines personnalités politiques et de la société civile qui ont abouti à la révision de fond en comble de la Constitution. Par conséquent, selon cette minorité qui gouverne, celle-ci est l'émanation de la volonté populaire. Autrement dit, c'est le peuple souverain qui a décidé de changer de Constitution. Or, le peuple semble complètement absent, à côté de la plaque même et jure par tous les saints de toutes les villes algériennes qu'il n'a rien demandé, encore moins décidé. On continue à décider à sa place, puisqu'il est toujours considéré comme immature, sans conscience politique et sans engagement moral. Le peuple, en Algérie, est comme un troupeau que l'on conduit à l'abattoir. Il ignore tout de ce qui se trame derrière son dos et ne fait pas du tout cas de la lame qui va lui trancher la gorge. Si ce n'était pas le cas, pourquoi aurait-il accepté que sa loi fondamentale, sa Constitution, soit triturée trois fois en l'espace de quatre mandats présidentiels successifs de l'actuel président sans émettre le moindre veto, sans lever le petit doigt ? Ceci est un record mondial. Aucun pays au monde n'a fait mieux dans ce domaine. La question qui se pose maintenant est : est-ce que le prochain président ne lui fera pas subir le même sort, le même traitement, la même humiliation suis-je tenté de dire ? Cette Constitution n'est, d'ailleurs, pas encore validée qu'elle soulève déjà l'ire de notre diaspora qui se voit ainsi, de facto, exclue de certaines hautes fonctions au sein de l'Etat. Et c'est une infime partie de cette diaspora qui a entraîné, aujourd'hui à Paris, une tempête dans un verre d'eau comme annoncé au début de cet article. Car nous pensons le plus sérieusement du monde que ce n'est pas ce malheureux article 51 qui va entraîner la désunion du peuple algérien. En focalisant uniquement sur cet article, les gens de la diaspora qui se sont réunis devant l'ambassade d'Algérie, à Paris, viennent d'étaler au grand jour leur égoïsme. Nous aurions aimé qu'ils disent non à toute la Constitution et pas seulement à l'un de ses articles.
A. G.
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