Fabius part, Al-Assad reste
Par Kamel Moulfi – De tous les responsables politiques occidentaux, Laurent Fabius, en tant que ministre français des Affaires étrangères, aura été sans conteste le plus acharné contre Bachar Al-Assad. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. Lui-même connaît-il les raisons qui l’ont poussé à développer un tel aveuglement dans la crise syrienne ? Il n’a jamais présenté d’arguments sérieux qui pourraient expliquer son entêtement. Contre Bachar Al-Assad, Fabius n’a eu que des formules à l’emporte-pièce. Maintenant qu’il a été mis sur une voie de garage, l’ex-chef de la diplomatie française va sans doute méditer sur son expérience amère au Quai d’Orsay terminée sur l’échec de sa tentative de faire tomber le «dictateur de Damas». Il a isolé la France sur le dossier syrien et l’a exposée aux frappes terroristes commises par des islamistes extrémistes français. Il croit trouver un bouc émissaire dans les «ambiguïtés» de l’allié américain, oubliant qu’en matière de politique étrangère, depuis l’alignement opéré par Sarkozy sur l’Otan, c’est Washington qui donne le ton, et sa venue au Quai d’Orsay en mai 2012 n’a fait qu’approfondir la soumission de la France aux Etats-Unis. Son virage tardif pris après les attentats terroristes de Paris, en novembre 2015, s’est traduit par une surprenante déclaration dans laquelle il n'envisageait plus un départ du président Bachar Al-Assad avant une transition politique en Syrie. Il retrouvait subitement sa lucidité dans ce conflit, en reconnaissant implicitement que la solution politique passait par la défaite des groupes terroristes sur le terrain. Il achève donc son mandat loin de son éloge aux groupes terroristes ; «ils font du bon travail», avait-il osé dire en pleine euphorie «printanière arabe». Autre volte-face : Fabius a été obligé de reconnaître que l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire avec l'Iran était une bonne chose, et s’est contenté tout juste d’appeler à la vigilance dans son application. En parlant de «ratés» et d’«impasses» pour qualifier sa politique, les commentateurs français sont plutôt indulgents à l’égard de Fabius.
K. M.
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