Un an après avoir acquis l’aciérie Lucchini : Issad Rebrab provoque une polémique en Italie
Si ses investissements en France fonctionnent bien, Issad Rebrab est confronté à de multiples difficultés en Italie. Selon des médias italiens, l’aciérie qu’il a acquise il y a près d’un an peine à entrer en production. Les raisons sont liées, d’après le journal Il Sole 24 Ore, à des problèmes de financement. Le journal, qui se réfère aux investigations menées par sa rédaction, estime qu’en l’état actuel des choses, il est impensable que les promesses faites par Issad Rebrab au printemps dernier soient tenues dans les délais. Pour ce journal, cette situation était attendue, car l’aventure entrepreneuriale d’Issad Rebrab à Piombino manquait financièrement et industriellement de solidité. Il Sole 24 Ore affirme que la première sonnette d’alarme a été déclenchée en novembre 2015, à travers un rapport du commissaire aux comptes qui avait averti sur la «situation financière et industrielle» critique de cette aciérie. La plus grande inquiétude est que le nouveau propriétaire manque d’expérience et de «compétences» nécessaires à la gestion de cette usine d’acier de la société Aferpi, anciennement Lucchini. En faillite lors de son acquisition par le groupe Cevital, cette aciérie devra bénéficier d’un nouveau four électrique qui relancerait sa production. C’était l’engagement d’Issad Rebrab. Mais ses déboires avec le pouvoir politique en Algérie semblent avoir faussé ses calculs. Le patron du groupe Cevital espérait pouvoir relancer la production en finançant, au départ, l’achat de la matière première à travers son groupe pour rendre cette aciérie viable pour des lignes de crédits en Italie. Mais il est confronté à un refus catégorique de la Banque d’Algérie, son groupe ne peut financer ses acquisitions à l’international. Ce qui a retardé, donc, l’exécution du plan d’investissement. Selon le journal Il Sole 24 Ore, la direction d’Aferpi a assuré qu’«il y a des difficultés» et que «le travail à réaliser est considérable». Cependant, «beaucoup a été fait et est en cours sur tous les fronts», note la direction qui explique ces difficultés par la complexité du projet. Mais le journal italien dit avoir eu une autre explication, directement liée à la situation de crise économique et financière que traverse l’Italie et qui rend l’obtention d’un crédit pour un projet d’aciérie difficile dans le contexte actuel. Le groupe Cevital espérait pouvoir créer un cercle vertueux à travers lequel il donnerait un bon signal aux fournisseurs de matières premières afin qu’ils acceptent une flexibilité dans le paiement. Selon Il Sole 24 Ore, le gouvernement italien suit de très près l’évolution de cette acquisition. D’ailleurs, il annonce que la ministre italienne du Développement économique, Federica Guidi, recevra le propriétaire du groupe Cevital Issad Rebrab prochainement. Le journal a assuré que Rome «est confiant» quant à l’aboutissement de ce projet en œuvrant au règlement des problèmes à l’origine des retards. Aferpi devra recevoir le 20 février courant toutes les offres finales pour le nouveau four. A la mi-mars, il y aura la signature de la lettre d’intention entre Aferpi et le fournisseur sélectionné. Le groupe Cevital veut équiper son usine du plus grand four au monde. Après la signature de la lettre, le groupe Cevital aura devant lui 45 jours pour l’achat du four. Si cela n’aboutit pas, le groupe devra ainsi se débrouiller autrement pour le financement du plan d’investissement prévu pour cette usine, qui est d’environ 600 millions d’euros. Cette acquisition est un grand test pour le groupe Cevital s’il veut avancer dans ses investissements en Italie et ailleurs.
Sonia Baker