Belazougui : «Les normes parasismiques ne sont pas respectées»
Le directeur du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), Mohamed Belazougui, jette un véritable pavé dans la mare. Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, ce spécialiste de la sismicité en Algérie doute fortement du respect strict des normes parasismiques dans toutes les constructions érigées au cours de ces dernières années. Autrement dit, depuis l’entrée en application des nouvelles normes sismiques fixées après le séisme dévastateur de Boumerdès. Pour ce professeur de renom, «il est hasardeux d’affirmer que les normes parasismiques applicables dans la construction des habitations soient totalement respectées en Algérie». M. Belazougui ne remet pas en cause le sérieux des institutions de l’Etat qui veillent au respect des normes parasismiques conformément aux lois en vigueur. Mais il dit tenir compte de la réalité de la construction individuelle en Algérie. Selon lui, ce sont les auto-constructions qui posent problème en la matière, car elles échappent au contrôle des organismes spécialisés. «Si les nouvelles normes de construction sont respectées pour la réalisation de grands ouvrages, il n’en est pas toujours de même pour ce qui concerne les constructions individuelles», a-t-il signalé, considérant ainsi qu’il est impératif d’obliger les auto-constructeurs à respecter les règles techniques. Comment ? Le professeur Belazougui suggère qu’ils soient obligés «de présenter un plan élaboré par des ingénieurs et architectes pour pouvoir obtenir un permis de construire». Dans le cas contraire, l’Etat doit appliquer la loi dans toute sa rigueur. Et la démolition pourrait donc constituer un moyen de contraindre les auto-constructeurs à respecter les normes parasismiques en vigueur. Sur ce dossier, le professeur Belazougui parle également de la responsabilité des autorités locales qui doivent lutter implacablement contre toutes les déviances urbanistiques, dont le non-respect des normes parasismiques. Le directeur du CGS estime que les Algériens ne sont pas suffisants sensibilisés sur cette question. Il affirme que la prise de conscience vis-à-vis des effets ravageurs des séismes n’a commencé à se manifester qu’après celui qui, le 9 septembre 1954, a ravagé la ville d’El-Asnam, (Chlef), tuant plus de 1 500 personnes et détruisant environ 20 000 édifices. Selon ce spécialiste du génie parasismique, les premières normes parasismiques ont été introduites en Algérie après ce premier séisme de Chlef. Ces mêmes normes ont été renforcées après le second séisme qui a secoué cette ville le 10 octobre 1980 et causé la mort de plus de 3 000 personnes. Mais cela n’a pas empêché la catastrophe provoquée par le tremblement de terre à Boumerdès. Près de 1 400 personnes ont péri dans ce séisme qui a particulièrement ravagé les nouvelles constructions qui n’étaient pas aux normes.
Sonia Baker