Coupables d’être nés sous X
Par R. Mahmoudi – Après les binationaux qui se plaignent d’une grave discrimination à leur égard, à cause de l’article 51 de la nouvelle Constitution qui leur interdit désormais l’accès aux «hautes fonctions» de l’Etat, une autre catégorie de citoyens se voit, de fait, exclue de l’accès à la magistrature suprême : ce sont les enfants adoptifs. L’amendement de l’article 73 qui régente la fonction de président de la République stipule : «Pour être éligible à la présidence de la République, le candidat doit jouir uniquement de la nationalité algérienne d’origine et attester de la nationalité algérienne d’origine du père et de la mère». Ce rajout écarte à la fois les citoyens issus d’un mariage mixte et les enfants nés sous X. Déjà très lourdement pénalisée par le code de la famille qui, en totale conformité avec la charia dont s’inspire ce texte, ne reconnaît au makfoul aucun droit à la succession, cette catégorie se retrouve désormais privée de fait d’un droit civique et politique, sans justification ni explication. En définitive, l’enfant adopté selon la procédure spécifique au droit musulman est triplement pénalisé : par la société – d’abord – avec tous les clichés dévalorisants développés autour de cette catégorie de personnes, par un code de la famille archaïque et, maintenant, par cette Constitution prétendument démocratique, mais qui s’est avérée être la plus discriminatoire parmi toutes celles qu’a connues l’Algérie jusqu’ici. Pourtant, dans une de ses dispositions ajoutées dans la récente révision, la Loi fondamentale stipule : «L’Etat prend en charge les enfants abandonnés ou sans affiliation» (article 58). On s’étonne, d’ailleurs, qu’aucun parti politique, aucune association, aucun intervenant dans le débat autour de la révision constitutionnelle n’aient soulevé ce cas qui doit toucher des milliers d’Algériens, dont – très probablement – des cadres et des dirigeants politiques ambitionnant de postuler légitimement, un jour, au poste de président de la République. Avec cette nouvelle disposition, ils n’ont aucune chance d’y parvenir, quand bien même ils disposeraient de toutes les qualités qui les prédestineraient à la fonction suprême.
R. M.
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