Le ministre tunisien des Affaires étrangères : «L’Algérie nous apporte une aide financière»
C'est par le biais du média saoudien Al-Arabyia que le ministre tunisien des Affaires étrangères a dévoilé l'objet de sa visite en Algérie. En effet, dans un entretien accordé, hier, à ce média, à l’occasion de son voyage à Alger, Khemaies Jhinaoui a affirmé que l’Algérie apporte, et continue de le faire, un soutien financier et sécuritaire à la Tunisie. Cette information ne figure nulle part dans les communiqués officiels algériens qui se sont limités à rendre compte vaguement des entretiens entre notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et son homologue tunisien. A son arrivée à Alger, dans une déclaration à la presse, Khemaies Jhinaoui n’a pas été très explicite en inscrivant sa visite «dans le cadre de la coordination et de la concertation entre les deux pays sur les questions bilatérales et régionales». C’est donc seulement dans le média saoudien, peu accessible aux Algériens, qu’il est sorti des généralités pour dire clairement que ce qui l’a amené à Alger était essentiellement lié à la question du soutien financier et sécuritaire fourni par l’Algérie à son pays. On comprend qu’une telle annonce, si elle avait été faite en Algérie, aurait été mal vue, à un moment où les responsables algériens combinent, selon les besoins de la communication, appels à l’austérité et déclarations rassurantes. Les experts et les médias, pour leur part, n’hésitent pas à noircir le tableau et c’est leur message qui a tendance à passer dans l’opinion publique algérienne. Faut-il pour autant laisser tomber le pays voisin embourbé dans une situation catastrophique créée par un «printemps arabe» qui s’est transformé en véritable cauchemar pour les Tunisiens ? La Tunisie, dépourvue de ressources naturelles et amoindrie par les coups que le terrorisme a assenés au tourisme qui est sa principale source de devises, est plongée dans une crise qui perdure et qui aggrave sa vulnérabilité aux retombées négatives du chaos instauré en Libye depuis près de cinq ans. Ce pays a impérieusement besoin d’aide pour affronter la situation qui s’annonce en Libye avec les bruits persistants d’intervention militaire étrangère sous prétexte de combattre le groupe terroriste Daech qui a trouvé les conditions toutes préparées pour s’installer dans ce pays. En fait, c’est pour «sécuriser» les approvisionnements en pétrole libyen que des puissances occidentales se préparent à une nouvelle intervention. Le ministre des Affaires étrangères tunisien a fait savoir, dans le même entretien accordé à Al-Arabiya, que son pays, tout comme l’Algérie, est hostile à une telle intervention militaire dont les conséquences le frapperaient de plein fouet. La première de ces conséquences serait l’afflux de réfugiés par milliers comme cela s’est passé en 2011. Or, les capacités propres de la Tunisie ne lui permettent pas de faire face à cette situation. Khemaies Jhinaoui est-il reparti d’Alger avec un chèque ? De quel montant ? En mai 2014, la signature de trois accords financiers avec l’Algérie a apporté à la Tunisie 250 millions de dollars, la moitié des 500 millions de dollars escomptés à l’époque, mais cela avait constitué une bonne bouffée d’oxygène pour ses finances. Sur les 250 millions de dollars, il y avait une aide financière non remboursable de 50 millions de dollars, un dépôt par l’Algérie de 100 millions de dollars au niveau de la Banque centrale de Tunisie et un prêt de 100 millions de dollars. En 2011, l’Algérie avait déjà accordé une aide de 100 millions de dollars dont 50 millions de dollars mis à la disposition de la Banque centrale tunisienne sans intérêts, 40 millions de dollars de prêt à taux bonifié de 1% et un don de 10 millions de dollars. Combien, cette fois ? L’Algérie paie pour les erreurs des pays occidentaux et de l’Otan qui ont créé la situation chaotique en Libye et permis aux groupes terroristes de s’y installer.
Houari Achouri