Affaire du décès de Sara Benouis : le père réclame l’exhumation de la dépouille de la défunte
L’affaire du décès dans des circonstances tragiques de Sara Benouis le 14 septembre 2010 à La Mecque est loin d’être classée. Son père, Mohamed Ould Soufi Benouis, réclame haut et fort, dans une déclaration à Algeriepatriotique, l’exhumation de sa dépouille pour l’enterrer à Aïn Tellout, wilaya de Tlemcen. Très remonté contre les autorités de «Al-Saoud» qu’il accuse d’avoir caché la vérité sur la cause réelle de la mort de sa fille, le père de Sara Benouis refuse que la dépouille de sa fille reste dans ce pays et exige son rapatriement. La version officielle des autorités saoudiennes est que Sara Benouis avait trouvé la mort après une chute du 20e étage de l’hôtel où elle était hébergée avec son père à La Mecque. Une version contredite par le père selon lequel le médecin lui avait affirmé qu’il n’y avait aucun signe de chute : pas de fracture ni de traumatisme, alors qu’elle était tombée d’une si grande hauteur. «L’analyse des ossements de ma fille, qui n’a pas fait de chute, est un droit de père», déclare à Algeriepatriotique Mohamed Ould Soufi Benouis qui dit avoir refusé la compensation financière des autorités saoudiennes. «Une personne qui chute du 20e étage et atterrit sur la terrasse du 16e de l’hôtel mitoyen, cela est ridicule. Ridicule d’autant que ma fille ne présentait pas de fracture. Un acte pareil requiert trois éléments : un effectif, une organisation et surtout une autorité», assure le père de la victime, qui est enterrée au cimetière Echariaa, carré 2, tombe n°972 à La Mecque. Pour Mohamed Ould Soufi Benouis, «le mensonge des autorités de Riyad est tel un nez sur la figure». Il considère que sa fille avait fait l’objet d’une tentative d’enlèvement qui a mal tourné. «Elle devait rentrer en France le 15 septembre, le lendemain de sa mort. C’est à méditer.» Le père vit mal le fait que les autorités saoudiennes avaient refusé d’autopsier le corps de sa fille, ce qui renforce sa conviction que sa fille a été assassinée. «Les Al-Saoud refusent cette autopsie et c’est bien pour cela que j’ai demandé l’exhumation de sa dépouille pour la rapatrier en Algérie et l'enterrer à Aïn Tellout. Cette opération nécessite forcément la présence de médecins et de représentants de notre diplomatie. Je veux montrer à la face du monde entier que les Al-Saoud souillent Mekka El-Moukarama», tonne M. Benouis, meurtri par la disparition tragique de sa fille à la fleur de l’âge (15 ans). «L’analyse du squelette va assurément démolir leur thèse, selon laquelle elle est tombée du haut de l’hôtel où elle résidait», conclut-il. Il dit être «content», néanmoins, de savoir que sa fille n’était pas entre «des mains criminelles». «Ma pensée va vers celles qui, tel un citron pressé, parce que devenues trop vieilles, sont ou seront jetées dans la rue. Elles sont obligées de se taire sous peine de mort», relève le père de Sara pour lequel il y aurait trop de crimes dissimulés en Arabie Saoudite. «Mon combat d’aujourd’hui est contre l’imposture», clame-t-il, assurant ne jamais renoncer à ce combat jusqu’à ce que la vérité éclate. Mohamed Ould Soufi Benouis se dit «convaincu» que l’autopsie de sa fille «va faire tomber des masques». Il nous livre ainsi le témoignage de celui qui accompagnait sa fille à La Mecque. «Après la prière d’el-icha, Sara m’a demandé la permission d’aller faire ses adieux à une vieille dame qui l’accompagnait souvent à la mosquée. Une amitié avait été tissée entre cette vieille femme et Sara qui voulait avoir ses coordonnées. Cette femme occupait le 9e étage de l’hôtel alors qu’on habitait au 4e. Donc, Sara a pris l’ascenseur pour monter et moi un autre pour aller faire des courses. De retour, j’ai rencontré la vieille femme dans le hall et je l’ai interrogée sur Sara. Elle me répondit qu’elle ne l’avait pas vue. Je suis monté dans ma chambre, Sara n’y était pas. Il n’y avait que Mohamed qui dormait. Je suis monté et j’ai fait tous les étages même la terrasse et les sous-sols. Ne la trouvant pas, j’ai alerté la direction de l’hôtel qui a demandé à deux agents de chercher dans toutes les chambres. Environ un quart d’heure après, le directeur de l’hôtel m’annonça qu’une femme était tombée sur la terrasse de l’hôtel mitoyen. Je me suis précipité sur les lieux et je découvris Sara, allongée, les yeux fermés, voilée, couverte avec son hijab et une couverture d’aluminium que la police avait sûrement mise sur elle. J’ai vu son visage. Elle était allongée sur le dos, comme si elle dormait, avec une blessure de 10 cm au pied. Il n’y avait ni sang ni de signe de fracture du crâne. A côté d’elle, il n’y avait qu’une seule de ses claquettes. A partir de ce moment-là, je n’ai plus eu de contact avec le médecin légiste», avait dit son accompagnateur. Pour son père, la thèse d’une chute ne tient donc pas la route. «Vu le poids de Sara qui était de 70 kg et vu la hauteur d’où elle est prétendument tombée, normalement, selon les lois de la physique, elle aurait présenté de graves blessures sur tout le corps», souligne-t-il. Mohamed Ould Soufi Benouis veut que la dépouille de sa fille soit exhumée et rapatriée en Algérie pour que la vérité éclate et la justice soit rendue.
Sonia Baker
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