Sonelgaz va recourir à l’endettement extérieur
Le Groupe public Sonelgaz, qui n’a plus de quoi financer ses lourds investissements incompressibles pour satisfaire la demande exponentielle en gaz et électricité, va bientôt solliciter des emprunts sur le marché international de la finance. C’est son P-DG lui-même qui l’a annoncé aujourd’hui lors d’une conférence animée au Forum d’El Moudjahid. Nourreddine Bouterfa parle d’une «mesure d’urgence» qui vise à réunir 1 100 milliards de dinars nécessaires pour le lancement rapide des projets qui doivent être réalisés d’ici 2018. «Le problème de Sonelgaz à court terme est de trouver une solution à un gap de 1 100 milliards de dinars. Il s’agit d’une mesure d’urgence, car si nous n’aurons pas cette somme, nous ne pourrons pas finaliser notre programme d’investissements d’ici 2018. Ce qui fait qu’on envisage de recourir au marché international pour pouvoir assurer la réalisation de nos investissements», a précisé Bouterfa qui accueille bien la révision de la tarification de la consommation de l'électricité et de gaz, applicable depuis janvier dernier. Selon lui, la nouvelle tarification permettra de récupérer 25 milliards de dinars de plus annuellement, soit 75 milliards de dinars supplémentaires au bout de 3 ans. Mais cela reste insuffisant pour les lourds investissements que ce Groupe va consentir pour maintenir les mêmes prestations de services, voire même les améliorer. C’est, selon lui, le but de cet endettement extérieur, rappelant que l’emprunt obligataire national n’a pu assurer à Sonelgaz que 30 milliards de dinars. Ce Groupe public a besoin de 1 000 milliards de dinars (10 milliards de dollars) pour faire aboutir ses programmes d’investissements les plus urgents. L’emprunt à l’international est en voie d’étude. Le P-DG de Sonelgaz souligne qu’un groupe de travail avait déjà été installé pour étudier l’éventualité d’un recours aux marchés financiers internationaux, mais qui doit avoir l’aval d’abord des pouvoirs publics. Nourreddine Bouterfa, qui a toujours estimé que le prix de l’électricité est trop bas, n’exclut pas, dans la conjoncture actuelle marquée par une crise due à la chute des prix du pétrole, de nouvelles révisions des tarifs d'électricité et du gaz afin d’assurer l’équilibre financier de son Groupe et, surtout, garantir sa pérennité et sa viabilité financière. «En 2015, le gap était de 180 milliards de de dinars. Donc, si l'on veut rattraper ce retard rapidement soit l'Etat doit accompagner Sonelgaz, soit on doit doubler les tarifs pour pérenniser le service au profit du citoyen», a-t-il indiqué. Confronté à des difficultés multiples mais, surtout, au défi de répondre à la croissance rapide de la demande en électricité, le Groupe Sonelgaz a opéré des changements en interne, tout en organisant des états généraux pour étudier la marche à suivre dans une conjoncture marquée par une réduction drastique des revenus de l’Etat. Une conjoncture qui exige de trouver des réponses pérennes à la question de la disponibilité financière afin de pouvoir réaliser un programme d’investissement d’un montant de plus de 2 800 milliards de dinars à mobiliser d’ici 2017. Un défi majeur qui vise à satisfaire la demande à l’horizon 2024. Cela va demander plus d’efforts financiers, environ 2 700 milliards de dinars de plus. Sonelgaz, faut-il le rappeler, est le deuxième plus grand groupe public après Sonatrach. Il emploie à fin 2014 plus de 84 000 personnes.
Sonia Baker