Tentations monarchiques
Par Karim B. – Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a-t-il calculé son coup en réitérant son appel à la réouverture des frontières avec le Maroc ? C’est sa seconde sortie en moins de deux semaines sur ce sujet. Si au Maroc, où il était invité au congrès d’un parti politique local, une telle évocation peut participer d’une manière diplomatique de souhaiter un «bon» voisinage avec cette monarchie, rien ne l’obligeait à s’adonner au même exercice devant ses militants à Alger, à l’occasion de l’anniversaire de la création de son parti. Sauf si le successeur de Saïd Sadi – qui demeure en même temps son protégé – vise politiquement un objectif inavoué. Soit il cherche à concurrencer les autonomistes du MAK de Ferhat Mehenni sur ce terrain de la servitude au Makhzen, dans le but de leur ôter à l’avenir toute représentation en Kabyle, d’où ce déploiement ostensible de l'emblème jaune et bleu au meeting de la salle Atlas, soit il fait un appel du pied au patron du FLN qui avait ouvert le bal sur cette question des frontières, en vue de se rapprocher du pouvoir. Ce qui donnerait raison à Nordine Aït Hamouda qui a accusé la direction du RCD de «vouloir faire allégeance au FLN». En fait, Amar Saïdani, lui, est allé encore plus loin, en contestant la légitimité de la cause sahraouie et en menaçant même de faire sortir les Algériens dans la rue (sic). Dans les deux cas de figure, Mohcine Belabbas devait s’attendre à ce déchaînement de réactions des Algériens, outrés par sa position incongrue, comme le montrent les centaines de commentaires postés par nos lecteurs, qui sont très majoritairement hostiles à tout rapprochement, sans contrepartie et sans perspectives, avec le voisin exubérant de l’ouest. Le premier responsable du RCD doit savoir que son nom est désormais associé, dans l’imaginaire de beaucoup d’Algériens, à une impardonnable trahison.
K. B.
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