Erdogan crée l’Internationale islamiste deux jours après avoir reçu des dirigeants sionistes à Ankara
Le dirigeant islamiste turc Recep Tayyip Erdogan est passé à la seconde phase de son plan visant à se placer comme le père fondateur de l'internationale islamiste, la naissance de cette entité qui rassemble les démembrements de la secte des Frères musulmans à travers le monde ayant eu lieu à Istanbul. La prochaine phase de ce plan éminemment politique sera de noyauter les pays musulmans, dont l'Algérie, par le truchement de sa filière algérienne, membre de cette internationale, le MSP, soutenu par des dirigeants d’autres partis islamistes. L’acte deux de cette «résurrection» de la confrérie a été signé le 13 février dernier dans l’ancienne métropole ottomane, avec la proclamation du «Forum des libertés et de la démocratie», nom donné au regroupement de toutes les formations islamistes inféodées à Ankara. Se présentant eux-mêmes comme des partis islamistes «modérés», les présents à ce conclave se sont félicités d’avoir enfin «un statut juridique» en Suisse, à l’instar de l’Internationale socialiste. Vingt-deux partis de différents pays ont pris part à cette réunion dont la préparation a duré une année. Un organe de direction a été installé, présidé par le Mauritanien Mohamed-Djamil Mansour, ancien député et à la tête d’un parti, le Rassemblement national de la réforme et du développement, qui succédait au Front islamique, interdit par les autorités mauritaniennes. Il est secondé par cinq adjoints, dont l’Algérienne Fatima Saïdi, députée et secrétaire nationale du MSP chargée de la condition féminine. Dans cette structure, on retrouve d’autres islamistes algériens, dont l’ancien PDG de la chaîne de télévision Al-Watan, suspendue par les autorités algériennes en octobre dernier, Djaâfar Chelli, désigné trésorier du Forum. La présence du responsable de ce média confirme au moins la tendance islamiste de cette chaîne et son inféodation au parti d’Abderrezak Mokri. Il y a aussi Abdelmadjid Menasra, dissident du MSP, aujourd’hui à la tête du Front du changement, plusieurs fois ministre, nommé président de commission. On retrouve également des membres connus du mouvement des Frères musulmans égyptien, comme Mohamad Al-Feky. A noter que le président du MSP, qui a siégé au sein du comité préparatoire du forum, s’était excusé de son absence, parce qu’il était pris dans un autre conclave de partis islamistes à Kuala Lumpur, en Malaisie, pour une autre mission. Mokri s’est distingué ces derniers mois par un activisme exceptionnel à l’international, au point que ses activités à l’intérieur du pays se font de plus en plus rares. Dans une déclaration rendue publique, le «Forum des libertés et de la démocratie» se présente comme «un espace politique de coordination, de concertation et de solidarité pour propager les valeurs de justice et de démocratie dans la pensée et la pratique». Ses membres s’engagent à «renforcer l’unité des nations et leur stabilité, tout en les protégeant contre les visées hostiles». Une notion qui reste aussi évasive que confuse. Comme l’est le soutien exprimé aux «causes justes des pays aspirant à la liberté». Les membres de ce forum, dont la naissance a coïncidé avec des raids aériens de l’armée turque contre des Kurdes qui venaient de vaincre des terroristes d’Al-Qaïda dans le nord de la Syrie, disent s’engager à lutter contre le… terrorisme. Deux jours auparavant, le président turc Recep Tayyip Eerdogan recevait à Ankara deux dirigeants du puissant lobby sioniste américain Stephen M. Greenberg et Malcolm Hoenlein.
R. Mahmoudi