Le moudjahid Ahcène Benyounes nous quitte

Le moudjahid Ahcène Benyounes est décédé vendredi dernier à l’âge de 74 ans. Né le 29 novembre 1942, le défunt a milité dès son jeune âge au sein de la Fédération de France du FLN. Il fut désigné chef régional, responsable des 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris dans lesquels il fut chargé de mener la guerre de Libération nationale au cœur même du pays du colonisateur. A ce titre, il fut l’un des organisateurs de la marche du 17 octobre 1961 à Paris, à laquelle il participa malgré les consignes fédérales qui interdisaient aux chefs de régions de s’y rendre. Se sentant personnellement responsable de la vie des manifestants et ne pouvant rester inactif durant cette journée qui vit l’assassinat de centaines d’Algériens jetés dans la Seine par la police coloniale, il ne pouvait en être autrement pour lui. Rentré au pays en 1962, il participa à la création du FFS. Il fut emprisonné en 1963 et sa famille assignée à résidence durant toute cette période. Une fois libéré, il intégra le ministère du Travail en tant qu’inspecteur général. Il entama une longue carrière dans le secteur public, la plus longue connue à ce jour en Algérie. Ahcène Benyounes participa, tour à tour, à la création de la Sonatrach au sein d’Alfor, puis il enchaîna plusieurs responsabilités au sein de la SNS, puis dans l’industrie légère où il fut directeur général de la Sonipec, la Sonitex, la Cotitex, l’Enaditex, etc. Le 27 décembre 1991, au lendemain du premier tour des élections législatives, il fut l’initiateur et le fondateur, avec le défunt Abdelhak Benhamouda, Senhadri et Liabès, du CNSA, le Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie, dont il fut le secrétaire général, et qui appela à l’interruption des élections législatives remportées frauduleusement par le FIS. Il était, à ce titre, le dernier survivant de l’exécutif qui dirigea le CNSA. Le défunt participa également aux assises des Patriotes républicains en 1993, à l’issue desquelles il fut désigné secrétaire général. Il fut plusieurs fois menacé par les GIA et échappa à un attentat terroriste en octobre 1994, qui vit sa voiture criblée de dizaines de balles de kalachnikov. Deux de ses sinistres assaillants périront lors de cette attaque où il fera preuve de sang-froid et de résistance. Ahcène Benyounes fut un fervent défenseur du secteur public dans la branche industrielle, jouissant d’un immense respect, y compris parmi les travailleurs qu’il eut à diriger. En octobre 1988, lors des grèves qui touchèrent son secteur, il fut l’un des rares directeurs généraux à avoir été autorisé par les travailleurs à accéder au site et à rejoindre son bureau. Il fut membre du Cnes, dirigeant la commission du travail et des affaires sociales. Il fut surtout connu en tant que président de l’Unep, l’Union nationale des entrepreneurs publics, organisation à travers laquelle il dirigera le patronat du secteur public. Ahcène Benyounes était «un républicain convaincu, un nationaliste sans faille, un patriote hors normes, un homme humble et discret à l’intégrité irréprochable», témoignent ceux qui l’ont connu. «Un homme qui a tout donné à son pays sans rien attendre en retour», disent ses proches, affligés par cette perte cruelle pour eux et pour le pays tout entier.
C. P.
Avis de décès
Myriam, Mourad, Karim et Sofiane Benyounes informent, suite à la disparition de leur père, Ahcène Benyounes, que l’arrivée du corps aura lieu le jeudi 25 février à l'aéroport d'Alger à 16h30, suivi de la veillée. L'enterrement se déroulera au cimetière d'El-Alia le vendredi 26 février. La levée du corps se fera au domicile familial sis à Chéraga.