Economie en faillite : le géant saoudien du BTP Saudi Oger ne paie plus ses travailleurs
La chute continue du prix de l’or noir affecte gravement le plus grand exportateur de pétrole au monde, à savoir l’Arabie Saoudite. Si certains experts prédisent la faillite totale de ce royaume, dont l’économie est bâtie sur la rente, en 2020, les choses semblent s’accélérer sur le terrain. La meilleure illustration, c’est ce qui arrive à Saudi Oger, la deuxième plus grande entreprise de BTP du royaume, qui ne paie plus ses 56 000 employés depuis cinq mois. La nouvelle a fait deux fois le tour de la planète. C’est un véritable signe d’une crise qui ne dit pas son nom dans ce pays qui a toujours vécu dans l’opulence assurée par les pétrodollars qui coulaient jusqu’à un passé récent à flot. Mais désormais, c’est le temps des vaches maigres. Et l’Arabie Saoudite, qui refuse tout compromis sur la réduction des exportations pétrolières pour faire remonter les prix de l’or noir, se retrouve aujourd’hui également affectée. La faillite de Saudi Oger sonne comme une véritable alerte. Dirigée par Saad, fils de feu Rafik Hariri, un ancien homme d’affaires et Premier ministre libanais, assassiné le 14 février 2005, ce géant du BTP qui avait pignon sur rue se retrouve incapable de payer ses employés. Certes, on crie à la mauvaise gestion qui serait la cause de cette faillite annoncée. Mais cela n’est pas tout. Le plan de charge de cette entreprise a considérablement baissé en raison du gel de plusieurs problèmes et de la réduction du plan du royaume destiné au BTP. Ce qui arrive à ce géant saoudien peut se produire dans d’autres pays à l’économie rentière, basée sur les projets et les dépenses publiques. En Algérie aussi, le secteur des travaux publics risque de connaître dans les prochaines années une véritable décroissance aux conséquences catastrophiques sur les emplois, fort nombreux. La décision de l’Etat de geler certains projets jugés non urgents dans le domaine des travaux publics et des transports suscite des craintes chez les entreprises activant dans ce secteur qui tire la croissance vers le haut depuis une dizaine d’années. Ce qui arrive actuellement à l’Arabie Saoudite démontre les limites d’une économie basée uniquement sur l’exportation du pétrole. L’Algérie, qui souffre de cette baisse du pétrole, a vainement tenté les Saoudiens d’accepter une réduction des quotas dans le cadre de l’Opep. Après ses premiers signes d’une grave crise économique qui est en train de secouer le royaume, l’Arabie Saoudite va-t-elle retrouver la voie de la sagesse et contribuer à la remontée des prix de l’or noir ?
Sonia Baker