Savoir communiquer
Par M. Aït Amara – Il a suffi qu’une source – malintentionnée ? – divulgue un document administratif interne et que certains confrères en fassent une interprétation erronée pour que cela soulève un tollé général. Cette tempête dans un verre d’eau a une signification, une cause et une conséquence. La réaction aussi prompte que vive de plusieurs opérateurs économiques suite à la révélation de la note adressée par le directeur général des Douanes à ses services internes dénote l’absence de confiance totale du milieu des affaires vis-à-vis du gouvernement. Dès la divulgation de cette directive, les investisseurs privés ont crié leur désarroi face à une décision «irraisonnable» et aux «effets graves» sur l’économie nationale. La cause de ce mouvement de panique est une communication défaillante de la part des décideurs, dont le discours est souvent en complet décalage avec la réalité. Le gouvernement pèche, en effet, par un manque criant de cohérence et d’assurance dans ses décisions. Une situation ambiguë qui ôte toute crédibilité à ses actions et qui creuse le fossé entre, d’un côté, un Exécutif qui tente de rattraper un immense retard en matière de développement et, de l’autre, des chefs d’entreprise qui demandent plus de liberté d’initiative et moins d’implication de l’Etat dans la sphère économique. Un discours partagé par le gouvernement actuel, mais qui peine à se concrétiser sur le terrain en raison de lenteurs bureaucratiques persistantes et d’une administration otage de mentalités sclérosées. Quant aux conséquences, elles se résument en une aggravation de la méfiance des opérateurs économiques à l’égard des décideurs politiques, en dépit d’un semblant de convergence de vues sur la nécessité de sortir le pays définitivement, et urgemment, de sa dépendance quasi totale des hydrocarbures. Ce nouvel épisode dans la relation tumultueuse entre les investisseurs et le gouvernement n’augure rien de bon dans ce contexte marqué par une grave crise économique qui pourrait déboucher, si les efforts ne sont pas conjugués pour aller vers une économie créatrice de richesses et non pas destructrice des ressources souterraines tarissables, sur une disjonction entre ces deux acteurs majeurs de la vie politique et économique nationale.
M. A.-A.
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