Syrie : cessez-le-feu ou armistice ?

Par Abdelaziz Ghedia – Libre aux lecteurs de commenter les articles publiés et de dire ce qu’ils veulent, ce qu’ils pensent, de cracher leur venin s’il le faut s’ils ne sont pas en phase avec le contenu de ces articles. Mais ils sont, eux aussi, ces commentateurs, tenus de faire preuve de bienséance et du politiquement correct pour que les discussions et les débats sur la Toile ne dérapent pas. On fait, en quelque sorte, en sorte que le fameux point Godwin ne soit pas atteint. Or, il se trouve que, parfois, le commentateur ne se contente pas de juger le contenu de l’article sur le plan de l’analyse politique, par exemple, sur le plan de la pertinence ou non de la question soulevée par l’auteur dudit article, mais il se comporte comme un «redresseur de torts», se montrant ainsi plus informé, plus au fait de la réalité que tout le monde. Pourtant, l’on sait que nul ne détient la vérité absolue. Celle-ci n’existe d’ailleurs pas. Une citation d’un philosophe français, Blaise Pascal, le résume mieux que quiconque : vérité au-delà de Pyrénées, erreur en deçà. L’actualité politique est donc diversement interprétée et diversement appréciée. Selon que l’on soit d’un côté ou de l’autre non pas des Pyrénées, mais de la barrière culturelle qui nous sépare. De part et d’autre de cette barrière culturelle, de cette frontière immatérielle, les choses ne sont pas toujours, pour ne pas dire jamais, vues du même œil. Un Algérien vivant à Paris, par exemple, ne voit pas forcément les événements qui secouent le monde arabe de la même façon qu’un Français ou qu’un Allemand. Pourtant, physiquement, cet Algérien est dans le même espace, la même ville, peut-être le même quartier que le Français pour qui la guerre en Syrie n’est autre chose que l’acharnement aveugle d’un dictateur sur son peuple. Or, rien n’est moins faux. Car on sait, comme l’a si bien dit Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière émission d’ONPC de Laurent Ruquier, «en temps de guerre, la première victime est la vérité». Propagande oblige. Depuis que cette guerre a éclaté, en 2011, dans le sillage de ce qui était convenu d’appeler «le printemps arabe», les médias de l’ensemble des pays qui voulaient détruire la Syrie présentaient Bachar Al-Assad comme un fou furieux, un dictateur de la pire espèce qui «massacre son peuple». Un homme politique français, qui vient d’ailleurs d’être relevé de son poste lors du dernier remaniement ministériel, a été loin en disant que «Bachar ne mérite pas d’être sur terre». Un appel à un lynchage pur et simple. Poussant encore plus loin le bouchon, ce même homme politique a trouvé, en revanche, que les groupes djihadistes, qui s’adonnaient aux pires exactions contre les Syriens, «faisaient bien leur boulot». Il faut dire qu’avec Laurent Fabius puisque, vous l’aurez compris, c’est de lui qu’il s’agit, la diplomatie française semblait battre de l’aile. Son intransigeance dans le dossier syrien l’a, finalement, relégué au second plan. Particulièrement depuis que les Russes ont pris le taureau par les cornes et se sont engagés armes et bagages au côté de leur seul «ami» au Moyen-Orient. Les diplomates français ont beau essayer de défendre les «islamistes modérés», les Russes ne l’entendaient pas ainsi et considéraient plutôt tous les groupes présents sur le terrain sur le même pied d’égalité, c’est-à-dire opposants au régime légitime de Bachar et donc à abattre. Les Russes ne font pas dans la dentelle de… Calais. Le temps et le cours des événements, qui ont tendance à se précipiter ces derniers jours, ont donné raison à ceux qui croyaient que la guerre en Syrie n’avait rien à voir avec le «printemps arabe». C’est plutôt une guerre des puissances de ce monde, les Etats-Unis et la Russie par peuples interposés de cette région du Moyen-Orient compliqué, pour des raisons liées à la géopolitique et aux relents de gaz et de pétrole certains. Ce qui me permet de dire cela, d’être affirmatif, c’est le fait que le 22 février de l’an de grâce 16, ce sont les Etats-Unis et la Russie qui viennent d’annoncer un cessez-le-feu en Syrie. Cette information m’est parvenue, via mon smartphone, à 19h15. De l’express.
A. G.

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