Un expert explique ce qui arriverait au cas où l’Algérie annulerait l’Accord d’association avec l’UE

L’Accord d’association porte sur une dégressivité des taux douaniers appliqués aux produits importés et originaires de la communauté européenne. Depuis toujours, Algeriepatriotiquedisait que ce type d’accord n’était pas avantageux pour l'Algérie. Sur le fond, l’annulation est une bonne décision, mais sur la forme, c'est une erreur stratégique fondamentale dont les conséquences sont lourdes et peuvent se résumer comme suit :

L’Accord d’association porte sur une dégressivité des taux douaniers appliqués aux produits importés et originaires de la communauté européenne. Depuis toujours, Algeriepatriotiquedisait que ce type d’accord n’était pas avantageux pour l'Algérie. Sur le fond, l’annulation est une bonne décision, mais sur la forme, c'est une erreur stratégique fondamentale dont les conséquences sont lourdes et peuvent se résumer comme suit :
– vous ne pouvez pas signer un accord de cette importance et le résilier quelques années après de façon unilatérale. Pourquoi ? Il y va de l'image de marque de notre pays, car si cela s'avère exact (car c'est tellement étonnant que nous nous devons vérifier la véracité de cette information), cela signifie que l'Algérie n'aura plus aucune crédibilité sur la scène économique internationale ;
– pis encore, du fait de cette annulation unilatérale de l'accord, la signature à l'international de notre pays ne vaut que pour ceux qui y croient, autrement dit, aucune institution digne de ce nom ne prendra comme garantie la signature de l'Etat algérien ;
– les institutions comme le Standard & Poor's, Moody's et Fitch vont immédiatement réagir (si cela s'avère exact) en abaissant leurs recommandations (puisque l'Algérie n'est pas notée par eux) ; la Coface par contre va émettre une note à l'ensemble des opérateurs de la planète sur l'accroissement du risque politique et sur la signature de notre pays ;
– le recours à l'endettement extérieur sera difficile et beaucoup plus coûteux au vu de cette mesure qui traduit le peu de sérieux qu'accorde le gouvernement au respect de ses engagements internationaux ;
– la place financière algérienne se trouvera en très mauvaise posture sur deux positions. En interne : les opérateurs économiques publics, privés, mixtes et étrangers de services et de biens importateurs et/ou producteurs vont être tétanisés par une telle décision qui va engendrer un chaos dans les délais de livraison des matières premières, dans les circuits de distribution et enfin sur les délais de livraison des produits finis, ceci sans compter l'impact catastrophique sur la Bourse algérienne qui verra toutes ses opérations d'inscription des valeurs reportées, voire annulées. En externe : les opérateurs financiers de la place n'auront plus aucune crédibilité, en effet, quoi de pire qu'une signature étatique annulée et des engagements entre Etats résiliés de manière unilatérale, de plus, le pire réside dans le fait que les différents rounds de négociations pour l'accession à l'OMC vont être touchés de plein fouet et les différentes délégations algériennes qui ont déjà fait un travail énorme vont être purement et simplement renvoyées pour manque de sérieux. Je vous laisse imaginer quelles vont être les conséquences sur les prix, car en plus d'être une note à effet rétroactif au 1er janvier (ce qui est une hérésie, car jamais effectuée dans tous les pays du monde), elle annule les avantages tarifaires sur les produits importés, les prix tant des matières premières que les produits vont exploser, ce qui va engendrer une hausse «choc» des prix sur le consommateur final.
En conclusion, un accord est un accord, personne n'a poussé personne à signer, sauf qu'aujourd'hui, résilier un accord intergouvernemental par une note du Premier ministre adressée aux Douanes démontre à quel point le sacro-saint principe de la hiérarchie des normes est galvaudé en Algérie et à quel point la signature de l'Algérie a été dévalorisée. Un Premier ministre qui envoie une note au directeur général des Douanes afin d'annuler des accords tarifaires entre l' Algérie et la communauté européenne de manière unilatérale, non seulement c'est choquant, mais on peut aller jusqu'à dire que ce pays risque gros et vraiment très gros sur le plan économique. Plus clairement, dans le fond, l'instruction est bonne, dans la forme elle est plus que catastrophique, car elle ne donne pas le temps aux opérateurs économiques algériens de pouvoir se retourner et redéfinir une politique de prix incluant la hausse des taxes qui va indubitablement survenir, avec pour conséquence une hausse drastique des prix, d'une part, et de l’autre, la confiance entre l'Etat et ses opérateurs économiques et ses partenaires commerciaux traditionnels va être complètement détruite. Ceci sans compter la cherté de la vie qui va plomber le portefeuille des consommateurs.
Un expert
 

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