Mauvais présage ?
Par R. Mahmoudi – Le message de Bouteflika à l’occasion du double anniversaire du 24 Février sonne comme une alerte très sérieuse sur ce qui attend le pays dans le proche avenir, même s’il tente, à la fin, de l’édulcorer par des assurances qui tiennent plus du discours populiste dont on a abreuvé les Algériens depuis des décennies. Après avoir affirmé que les revenus pétroliers ont baissé de 70% en moins de deux ans, le Président rassure que l’Etat – autrement dit son Exécutif – est «déterminé à y faire face au moyen d'une politique de développement économique judicieuse et rigoureuse à la fois». Avec le même gouvernement ? Le même programme ? Apparemment, oui ! Si avec l’exceptionnelle embellie financière que nous avons eue, les plans de développement n’étaient pas stimulés – en dehors, peut-être, du bâtiment –, on se demande ce qui pourrait booster une économie rentière à plus de 70%, aujourd’hui dévitalisée. Les seules incidences que ce boom pétrolier a engendrées ont été visibles sur la relance de la consommation et l’amélioration du niveau de vie des Algériens. Cela a, évidemment, aidé à sauvegarder une paix sociale menacée par des tensions et des mouvements de contestation ayant comme principales revendications l’amélioration du cadre de vie et les augmentations de salaires. Or, avec tout ce qui a été réalisé au cours de ces années de faste, les institutions financières internationales, FMI en tête, n’ont pas cessé d’interpeller notre pays sur les dysfonctionnements macro-économiques, comme la croissance jugée trop faible, et prévenaient régulièrement dans leurs rapports contre des augmentations de salaires qui fausseraient la relance de l’économie. Avec une gestion «judicieuse» des rentes, disait-on alors dans les discours (comme quoi, Bouteflika n’a fait que reprendre une vieille recette), il serait plus facile de gagner le challenge : donner un coup de fouet à la croissance tout en relevant le niveau de vie des ménages. C’était à l’époque où l’Algérie prêtait au FMI. Aujourd’hui, avec une chute aussi drastique des rentes, on se demande ce que va encore nous suggérer l’institution de Christine Lagarde. Revenir au cycle d’endettement, sans doute.
R. M.
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