La Chipie dorée du général et les élucubrations fantasmagoriques de la presse jaune
Vu que certains confrères ont estimé que le larcin commis au domicile du général Khaled Nezzar revêtait un caractère éminemment stratégique et engageait gravement l’avenir du pays, nous avons sollicité le concerné pour qu’il nous montre – enfin ! – sa fameuse «statuette en or de deux kilogrammes». Pour en finir avec cette plaisanterie de mauvais goût, mais qui sous-tend une arrière-pensée malsaine – celle de montrer un général de l’ANP à la retraite roulant sur l’or –, le général Nezzar nous a invités à prendre en photo l’objet de tous les fantasmes qui a «secoué le pays» ces dernières semaines. Le bijou équivalent à deux lingots et dont la valeur devrait avoisiner les deux milliards de centimes, au cours actuel de l’or, s’est avéré être, en réalité, un pendentif de 14 grammes et d’une longueur de trois centimètres et demi. La chaîne avait été déclarée parmi les bijoux volés, mais elle a été retrouvée au fond de la garde-robe, explique l’ancien membre du Haut Comité d’Etat, obligé de perdre son temps à commenter un sujet secondaire. Au-delà du gloussement moqueur qu’une telle «affaire» pourrait susciter, un problème autrement plus sérieux se pose avec acuité. En effet, qui, au niveau de la Gendarmerie nationale, institution en charge de l’enquête, ou du tribunal compétent a glissé cette fausse information à ces quotidiens à l’affût du moindre bruit, du moindre fait qui concernerait une personnalité dont l’association du nom à un «scandale» ferait grimper les ventes en ces temps de grande disette ? Cette question, l’ancien ministre de la Défense nationale compte bien la poser au juge lors du procès qu’il a intenté au directeur du journal qui s’est occupé de la pesée. Ce dernier, dans sa réponse à notre précédent article sur cette «fracassante révélation», ne maîtrisant assurément pas la langue de Molière, a confondu «relation intrigante» avec «relation intime», nous faisant ainsi dire ce que nous n’avons pas dit. Et, comme le dit la devise de l'Ordre de la Jarretière, honni soit qui mal y pense !
M. A.-A.