Omission fatale ?
R. Mahmoudi – Si l’information rapportée au sujet de la mise à pied d’un présentateur de journal télévisé de Canal Algérie, accusé d’avoir «omis» de citer le chef de l’Etat par son titre de Magnanime – «Son Excellence le président Abdelaziz Bouteflika» – s’avérait juste, ce serait la preuve que le pouvoir – ou du moins ses serviteurs zélés et intéressés – aura franchi un pas symboliquement important dans la «monarchisation» du système qui doit suivre inexorablement son chemin. Ce serait plus qu’un crime de lèse-majesté ; ce serait une façon d’apprendre aux Algériens à considérer le poste de président de la République, aujourd’hui et à l’avenir, comme un statut sacré, similaire à celui d’ordonnateur ou de commandeur des croyants, doté de la même auréole et des mêmes attributs, comme c’est d’ailleurs consigné dans la nouvelle Constitution, dont la seule raison d’être est d’adopter l’hyperprésidentialisme du pouvoir politique qui devient, de fait, une sorte de principe inviolable et immuable. Les promoteurs de la révision constitutionnelle ont essayé de maquiller cette usurpation par quelques «concessions» d’ordre symbolique – l’officialisation de la langue amazighe, l’institution d’une commission (présumée) indépendante de surveillance des élections, etc. –, mais le vernis finit vite par se dissiper pour laisser apparaître une caricature de démocratie. D’où cette peur panique des courtisans qui croient pouvoir maintenir en vie un système décadent avec toujours plus de bouffonneries. Après le secrétaire général du FLN, qui a décidé d’offrir, sans qu’on le lui demande, la présidence d’honneur du parti au président Bouteflika, on a vu, récemment, le secrétaire général de l’UGTA qui, par un geste symbolique tout aussi caricatural, lui offrir une carte d’adhérent «honorifique». Mais l’histoire nous apprend que les courtisans sont toujours les premiers à crier «vive le [nouveau] roi !» à la seconde qui suit le dernier souffle du roi mort.
R. M.
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