Le Yémen accuse les Al-Saoud d’utiliser des armes prohibées et menace de «marcher sur Riyad»
La multiplication des raids aériens aléatoires de la coalition arabe au Yémen risque de pousser les Yéménites à porter le conflit armé sur le territoire saoudien. Plusieurs hauts gradés de l’armée yéménite ont, en effet, menacé, au lendemain d’une frappe aérienne sur Sanaa qui a touché des cibles civiles, de «marcher sur Riyad» au cas où ces bombardements ne cesseraient pas «immédiatement». Ces hauts gradés accusent le régime wahhabite d’être l’allié d’Israël dans la région et condamnent la communauté internationale qui reste les bras croisés face aux crimes contre l’humanité commis par les Al-Saoud. Si, en effet, l’armée saoudienne jouit d’une supériorité militaire grâce à ses moyens colossaux et au soutien d’une partie du monde arabe et de l’Occident, les Yéménites peuvent, cependant, créer des problèmes au régime saoudien en opérant des percées à travers la frontière qui sépare les deux pays. Une telle éventualité pourrait faire basculer le cours de la guerre et déstabiliser sérieusement l’establishment saoudien qui se verrait, ainsi, faire face à une guerre terrestre que lui aurait imposée son voisin démuni. Il s’en suivrait, alors, une guerre d’usure du faible au fort qui ferait perdurer le conflit au détriment de Riyad et ses alliés. L’Arabie Saoudite se retrouverait coincée entre la menace terroriste islamiste dont elle est la génitrice, la guerre en Syrie qui tourne au désastre et qui s’achemine vers un échec des tenants du changement par la force dans ce pays qui résiste au complot, et le retour de l’Iran, ennemi juré des wahhabites, sur la scène internationale, à la lumière de la nouvelle redistribution des rôles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’agression armée conduite par l’Arabie Saoudite contre le Yémen, pour «faire barrage à la mainmise chiite» et à «la menace iranienne» dans le Golfe, a fait des milliers de morts, sans que les décideurs politiques et les médias dominants occidentaux s’en alarment, détournant les regards de l’opinion publique internationale sciemment vers le conflit syrien qui s’enlise. Dès lors, le peuple yéménite se bat seul contre une coalition de pays inféodés au régime de Riyad avec la complicité avérée des capitales occidentales, du Conseil de sécurité de l’ONU et de la Ligue arabe. Une situation qui rappelle celle de l’Algérie dans les années 1990, mise en quarantaine par un Occident dont les positions étaient systématiquement alignées sur les thèses de Paris qui avait fini par isoler complètement le pays, suite au détournement de l’avion d’Air France en décembre 1994, dont il n’est pas dit qu’il ne fût pas planifié par les services secrets français. Comme le peuple yéménite aujourd’hui, le peuple algérien fut abandonné à son sort dans sa lutte contre le terrorisme islamiste qui se nourrissait de la complaisance des dirigeants occidentaux envers cette mouvance devenue «une menace pour le monde» depuis les attentats du 11 septembre. Comme l’Algérie, le Yémen devra se défendre seul.
Karim Bouali