Tebboune, le ministre conteur
Par Karim Bouali – Le ministre de l’Habitat s’englue dans ses contradictions et se noie dans ses inexactitudes. Son intervention, hier soir, sur Canal Algérie est consternante à plus d’un titre. D’abord, parce que nous avons vu un ministre de la République s’occuper d’une mission qui, normalement, devrait relever d’un service subalterne de son département dont on se demande à quoi il sert, finalement. Est-ce le rôle d’un membre du gouvernement de faire un exposé, tableaux et graphes à l’appui, sur l’état d’avancement de la construction des différentes formules de logements qui ont toutes échoué, de toute façon ? La mission d’un ministre n’est-elle pas de concevoir une stratégie globale et un programme à long terme à présenter au Président pour sa mise en œuvre après sa discussion par les différentes institutions de l’Etat ? Abdelmadjid Tebboune a eu tout le mal du monde à tenir un discours homogène et compréhensible, tant lui-même est conscient que son plan national du logement est une grande supercherie. Son passage à la télévision avait pour seul but de tempérer les ardeurs des citoyens à qui il fit mille et une promesses lorsque la situation sociale explosive nécessita une forte dose d’anesthésiants, pour éviter que le torrent de la colère formé par la tempête du «printemps arabe» emporte le pouvoir dans son sillage. Maintenant que l’orage est passé, le gouvernement a chargé «M. Logement» de dire toute la vérité aux centaines de milliers de souscripteurs qui attendent d’être «casés» à leur tour dans les cités dortoirs que l’Etat continue de planter au milieu des marécages, faisant fi des expériences urbanistiques catastrophiques passées. Non seulement le nombre de logements promis est loin d’être atteint – et il ne le sera jamais –, mais les prix annoncés au départ n’arrêtent pas de grimper. Et, comme pour s’absoudre de la qualité de «ministre menteur» dont il est affublé, Abdelmadjid Tebboune use de feintes et de pantalonnades pour se justifier. Ainsi, le mètre carré des LPP (logements de «luxe» destinés aux cadres) est maintenu à 95 000 DA, mais, a-t-il ajouté – et c’est là que réside la nouveauté ! – «ce montant est indiqué hors taxe». Voilà qui devrait donc faire plaisir aux citoyens qui ont souscrit à cette formule et qui devront remettre la main à la poche pour débourser 17% supplémentaires sur le prix initialement avancé par le même ministre et sur le même plateau. Le constat est le même s’agissant des procédures liées au crédit dont le traitement a été confié à une seule banque publique, le CPA. Un choix qui risque d’ajouter une autre déconvenue à celles déjà vécues, depuis de très longues années, par ces citoyens suspendus aux lèvres du ministre conteur, qui se réveillent petit à petit avec les effets désagréables de l’anesthésie politique : nausée et vomissements.
K. B.
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