Le SOS des fellahs
Par Kamel Moulfi – L’économie algérienne, déjà minée par les segments occupés par l’informel, présente les signes d’un désordre dont les effets retombent directement sur les consommateurs puis, fatalement, en retour, sur les activités productives. C’est le paradoxe algérien : au moment où il y a un véritable consensus national, gouvernement et opposition, experts et profanes, sur la nécessité de sortir de la dépendance des recettes d’exportation des hydrocarbures, un secteur comme celui de l’agriculture, qui est appelé à contribuer à la mise en place d’une dynamique de diversification de l’économie, montre des signes inquiétants pour son avenir alors qu’il enregistre des progrès réels sur le terrain. C’est le sens de la sonnette d’alarme tirée par les agriculteurs qui alertent les pouvoirs publics sur l’effort d’organisation et de planification à déployer en urgence pour sauver la production. La télévision publique a montré des images de surproduction pour la pomme de terre, pour la tomate et pour d’autres légumes de saison, mais les prix restent élevés par rapport au pouvoir d’achat de la grande masse des citoyens. Il y a, pour le moins, un dysfonctionnement entre l’amont et l’aval, entre la sphère de la production et le circuit de commercialisation. Les producteurs concernés se retrouvent avec des quantités de produits dont ils ne savent que faire en l’absence de réseaux de distribution. Ils se demandent pourquoi, ils n’arrivent pas à exporter leur surplus de production et interpellent, sur ce point précis, les pouvoirs publics qui semblent n’appréhender le commerce extérieur que dans le sens des importations. Autre question : où sont les débouchés vers l’industrie agroalimentaire locale, censée prendre le relais à travers l’activité de transformation ? Les intermédiaires qui sont la principale cause de la flambée des prix ne semblent pas intéressés par l’approvisionnement des marchés en grandes quantités, cette démarche ne correspond pas à leur logique de recherche exclusive du profit. Alors, qui est à l’écoute du SOS des fellahs algériens ? La prochaine saison agricole dépend des solutions qui seront trouvées à la saison en cours.
K. M.
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