Affaire Kamel Daoud : Hamadache condamné à six mois de prison
Le tribunal d’Oran a condamné à six mois de prison, dont trois ferme, le salafiste Abdelfettah Hamadache, qui a lancé une fatwa pour l’exécution de Kamel Daoud. La sentence prononcée aujourd’hui mardi en l’absence des deux parties a été assortie d’une amende de 50 000 DA. Le procès s’est déroulé le 1er mars en la présence du mis en cause. Le plaignant, Kamel Daoud, s’est fait représenter par son avocat, qui avait d’ailleurs réclamé l’application de la loi dans toute sa rigueur afin de réhabiliter la victime et un dinar symbolique comme dommages et intérêts. Le procureur de la République avait, quant à lui, requis six mois de prison ferme et 50 000 DA contre l’accusé. Abdelfettah Hamadache avait nié lors de l’audience avoir appelé à l’assassinat de Kamel Daoud. Devant le juge, il affirmait n’avoir fait que rappeler ce qui était prévu dans la «charia» pour les apostats. Le salafiste, qui avait même appelé à l’ouverture d’une «ambassade de Daech» en Algérie, avait tenté tout au long de sa plaidoirie de prouver son innocence, en insistant sur le fait qu’il n’avait pas fait une fatwa pour l’assassinat de l’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud. Son intervention écrite sur Facebook visait, d’après cet islamiste, à interpeller l’Etat afin qu’il prenne ses responsabilités et mettre un terme aux atteintes à la religion musulmane qu’aurait commises le chroniqueur. L’affaire remonte à fin 2014 lorsque le salafiste en question avait accusé Kamel Daoud d’«apostat en guerre contre l’islam». L’écrivain avait déposé plainte. Une plainte qui a été enregistrée et enrôlée par le tribunal d’Oran. Une pétition avait été lancée sur Facebook pour appeler la justice algérienne à juger l’obscurantiste Abdelfettah Hamadache. Sous le titre «Poursuivre en justice Abdelfettah Hamadache pour incitation au meurtre», cette pétition avait été signée par une centaine de personnes de divers horizons. «Nous, Algériennes et Algériens, condamnons avec force les appels au meurtre public d’Abdelfettah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien, contre l’auteur et journaliste Kamel Daoud», avait-on écrit pour dénoncer les dérives d’«aventuriers pseudo-religieux qui distillent la haine comme cela s’est passé à Ghardaïa et ailleurs». Sa condamnation aujourd’hui sonne donc comme un avertissement à tous les aventuriers qui prêchent la haine d’autrui et qui exercent une violence verbale contre la liberté de pensée.
Sonia Baker