Benkhalfa : «L’endettement bien utilisé est un levier de croissance»
Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a défendu bec et ongles l’option de l’endettement retenue par l’Etat pour financer l’économie nationale. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le ministre a assuré que l’endettement ne doit pas être forcément extérieur, mais aussi intérieur. «Nous sommes, depuis l’année dernière, dans la recherche de financements et de ressources alternatifs. Nous avons maintenant une politique à trois voies. Nous optimisons la fiscalité. Nous optimisons les ressources disponibles dans le pays et nous optimisons aussi l’endettement qu’il s’agisse de l’endettement interne ou externe», a-t-il soutenu, insistant sur l’endettement qui «n’est pas un risque». Abderrahmane Benkhalfa précise que «c’est l’usage de la dette qui est un risque». Et là-dessus, il se montre rassurant. «S’endetter pour tirer la croissance vers le haut et faire gagner au pays de l’argent, ce n’est pas une maladie. Une dette bien utilisée est un instrument, un levier de croissance», a-t-il martelé. Le ministre des Finances récuse le constat selon lequel le pays est en banqueroute. «Nous ne sommes pas dans le rouge», a-t-il assuré en dénonçant ceux qui alimentent le «stress» des Algériens en rendant tout noir. «Je voudrais mettre les points sur les "i ". C’est vrai que, comme beaucoup de pays producteurs de pétrole, nos recettes, nos ressources qui viennent des hydrocarbures et qui donc alimentent le budget de l’Etat ont reculé de 45% à 50%», a-t-il relevé, estimant que «c’est une situation que connaissent beaucoup d’autres pays et devant lesquels il y a un stress négatif qui est diffusé auprès des acteurs et des consommateurs contre lequel je m’élève». Abderrahmane Benkhalfa précise que «nos ressources sont certes atténuées, mais nous n’avons pas de dettes et nous avons une épargne». «C’est une situation qui nous met à l’aise pour quelques années», a-t-il enchaîné, avant de répondre aux attaques sur l’utilisation excessive et voire même illégale du Fonds de régulation des recettes (FRR). «C’est vrai que nous utilisons le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui est un fonds de stabilisation. Il est fait pour les moments difficiles. A chaque fois que le pays est dans une situation où il doit recourir au FRR, il le fait. Mais nous recourons au FRR non pas pour les dépenses de fonctionnement, mais pour les dépenses d’investissement», a-t-il souligné. Le ministre des Finances parle d’un nouveau cap économique et de l’impératif de soutenir et maintenir la croissance. «Devant cette situation, nous sommes dans l’obligation de garder le cap de la croissance, de garder le niveau des dépenses d’équipements, d’aller vers un renouveau économique avec d’autres moyens et d’autres ressources. Nous avons effectivement un recul de nos recettes, mais nous ne sommes ni dans le rouge ni dans une situation que vivent certains autres pays qui ont une dette forte ou qui n’ont pas d’épargne», a-t-il affirmé. Benkhalfa assure que durant 2016, les fonds qui vont être tirés, par exemple, de la seule fiscalité ordinaire (3 200 milliards de dinars escomptés) vont être doublés, comparativement à ceux tirés, jusqu’alors, de la fiscalité pétrolière (1 600 milliards de dinars). Le ministre des Finances a indiqué que les banques ont récolté environ 140 milliards de dinars tirés des paiements par chèque pour les achats de véhicules et l’acquisition de biens immobiliers, mais également par la mise en conformité fiscale volontaire ciblant les opérateurs de l’informel.
Sonia Baker