Hadj Moussa aux Etats-Unis
Par Kamel Moulfi – Aux Etats-Unis, sur les quatre candidats qui sont dans les primaires pour avoir leur place dans la course à la Maison-Blanche, aucun ne se distingue par une volonté de changement dans la politique américaine, encore moins dans les aspects agressifs et guerriers qui accompagnent sa dimension extérieure dominée par les ingérences permanentes dans les affaires des autres pays. Pourtant, il y a un fort courant pacifiste au sein de la population. Les Américains qui sont pour la paix et veulent que leurs dirigeants s’occupent de leur pays plutôt que de s’engager dans des guerres incessantes qui frappent les autres nations, souvent pour des motifs fallacieux, ne manquent pas de sortir dans la rue pour le faire savoir. Certes, dimanche dernier, à New York, ils n’étaient que quelques centaines à brandir des pancartes qui expriment leur opposition aux gouvernants. Leur rassemblement a duré deux heures et s'est terminé par une marche en direction du siège des Nations unies, d’après les rares échos qui sont parvenus de cette manifestation dont presque personne n’en entendra parler à cause du black-out imposé sur les informations qui dérangent le «mode de vie» américain. Aux Etats-Unis, ceux qui s’opposent à la folie guerrière des dirigeants sont bien plus nombreux que «quelques centaines», mais la population est soumise à un conditionnement si fort, mis en œuvre dans toutes les sphères de la société, qu’il neutralise toute velléité de révolte. Les opposants savent que leur opinion ne compte pas pour ceux qui détiennent le pouvoir à la Maison-Blanche. Ces laissés-pour-compte de la politique aux Etats-Unis savent aussi que le 8 novembre prochain, à l’élection présidentielle, aucun des deux candidats ne les représentera. «Hadj Moussa, Moussa Hadj», c’est ainsi que les Algériens résument ce type d’alternance qui ne conduit à aucun changement réel dans le régime au pouvoir à la Maison-Blanche depuis des lustres. Dans ce pays, les exclus sont libres de se regrouper par «centaines» et de crier dans la rue ce qu’ils veulent, mais il leur est interdit de franchir la ligne rouge qui leur barre la voie vers le pouvoir. S’ils s’amusent à tenter l’impossible, le régime servi par un complexe politico-médiatique écrasant appuyé sur un système de répression construit par les services de renseignements aura la partie facile pour les en empêcher.
K. M.
Comment (3)
Les commentaires sont fermés.