Les envahisseurs
Par R. Mahmoudi – L’Algérie est-elle à la veille d’une grande capitulation ? Deux événements successifs incitent à sérieusement se poser la question : l’étrange patrouille d’extraterrestres salafistes qui sillonne le pays depuis quelques jours en toute impunité, suivi du retour imprévu de Chakib Khelil. Les deux événements signent clairement une régression inédite que les observateurs avertis voyaient venir depuis plusieurs mois déjà, depuis, notamment, les coups de boutoir successifs assénés par le chef de file du FLN perverti, Amar Saïdani, aux services de renseignement qui faisaient office du seul vrai contre-pouvoir, en l’absence d’une opposition forte et d’un pouvoir médiatique indépendant. Calculé ou non, le silence des autorités face à cette invasion des places publiques par un groupe de soi-disant prédicateurs tranche, pourtant, avec la montée, admirable et courageuse, du ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui a solennellement refusé, il y a une semaine, la venue d’un faux dévot saoudien en Algérie. Il faut alors s’interroger si cette incursion afghane – dévoilée à Béjaïa grâce à la vigilance citoyenne – ne procède pas d’une contre-offensive décidée par le lobby pro-wahhabite en Algérie – parce qu’il existe –, pour faire payer à notre pays son impertinence, aussi bien contre la venue de ce charlatan intégriste de Mohamed Al-Arifi que contre le refus de participer au classement du Hezbollah comme organisation terroriste par la Ligue arabe sur instruction des Al-Saoud, en l’envahissant symboliquement. Qu’attend le gouvernement pour stopper cette invasion ? Il n’a pas le temps, puisqu’il est occupé à préparer le retour en grâce d’un ancien ministre sur lequel de lourds soupçons de corruption et de malversations pèsent toujours ! Au moment où d’authentiques nationalistes, ceux qui ont combattu les envahisseurs français, sont cloués au pilori, parce qu’ils ont osé critiquer le pouvoir ou tout simplement décidé de s’en démarquer publiquement, on réhabilite un renégat, un corsaire des temps modernes, dont on ne peut faire oublier qu’il était, il y a à peine une année, sous le coup d’un mandat d’arrêt international et dont le seul nom évoque, à ce jour, la gabegie nationale dans l’imaginaire collectif des Algérie.
R. M.
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