Quand l’«ami» des journalistes algériens Robert Menard impute les crimes de l’OAS au FLN
La décision du président français de participer à la commémoration du 19 mars, en prononçant un discours à Paris, a provoqué l’ire de l'extrême droite française qui accuse François Hollande de «trahison». Car pour les résidus du groupe de nostalgiques de l’Algérie française, ce jour est synonyme de «défaite de la France dans la guerre contre les terroristes algériens», c’est une «date funeste qui a marqué, pour toujours, dans l’Histoire de France, la plus grande trahison de la République envers son peuple». Ils font remarquer que «depuis 1962, aucun des sept présidents français qui se sont succédé à la direction du pays n’a accepté de commémorer cette date». François Hollande, qui est le premier à le faire, est la cible de tout ce que la classe politique compte comme revanchards qui n’ont pas digéré la décolonisation de l’Algérie. Parmi eux, l'ancien président de Reporters sans frontières, Robert Ménard, qui fut jadis «l'ami des journalistes algériens» – pour mieux préparer la thèse du «qui tue qui». Il tombe le masque, à cette occasion, pour révéler encore une fois sa haine viscérale envers l'Algérie et sa nostalgie maladive de l'Algérie française. Il invente des chiffres sur les massacres de harkis et de pieds-noirs au lendemain du cessez-le-feu et couvre les crimes innommables de la France coloniale. Il fait mine d’oublier que c’est du côté de ses amis, les ultras, partisans de l’Algérie française, que la guerre s’est poursuivie après le 19 mars, par l’action de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète, qu’ils ont créée en février 1961 quand ils ont compris que l’accession de l’Algérie à l’indépendance était inéluctable. L’OAS a mis en œuvre une véritable politique d’assassinats contre les Algériens, systématiquement tués, par dizaines chaque jour. Des blessés et des malades ont été achevés dans les hôpitaux par les commandos de l’OAS qui s’en sont pris aux femmes de ménage, assassinées alors qu’elles se rendaient chez leurs employeurs européens. Les facteurs n’ont pas été épargnés, ni les dockers. C’est l’OAS qui a inventé l’attentat à la voiture piégée. Celle qui a explosé à Alger, le 2 mai 1962, devant le centre d’embauche des dockers, a fait 63 morts et 110 blessés. Après le 19 mars 1962, les fascistes partisans de l’Algérie française ont attaqué au mortier les quartiers populaires où habitaient les Algériens. Résultat : les «pieds-noirs» ont été poussés à appliquer la formule «la valise ou le cercueil» et à quitter leur pays natal. C’est l’OAS qui a été responsable de leur départ d’Algérie. N’oublions pas l’incendie de la bibliothèque de l’université d’Alger, plus de 500 000 ouvrages et documents précieux livrés aux flammes le 7 juin 1962, point culminant de la politique de la terre brûlée pratiquée par les amis de Robert Ménard. Le seul point sur lequel il est contraint de dire la vérité, concerne François Mitterrand dont il rappelle les propos : «On peut fêter la fin de la guerre d'Algérie à n'importe quelle date, mais jamais le 19 mars.» Ce n’est pas surprenant, Mitterrand a été partisan de la guerre à outrance contre le peuple algérien, alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 1954, au déclenchement de notre lutte de libération. Il considérait, et le criait fort, que «l’Algérie, c’est la France, et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne». Bien plus tard, en janvier 1992, Mitterrand n’aura rien perdu de son animosité envers [son] ancienne colonie et le montrera par sa réaction hostile à l'empêchement de l’arrivée des islamistes au pouvoir en Algérie.
Kamel Moulfi