Le Makhzen s’enlise dans la provocation et compte sur Riyad en cas de reprise de la guerre
Le Makhzen est dans la panique totale. Dans sa fuite en avant après la gifle retentissante que lui a donnée l’ONU qui a confirmé l’option de l’autodétermination dans la question du Sahara Occidental, le Maroc veut, comme mesure de représailles, expulser de ce territoire occupé, des fonctionnaires onusiens qui composent la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Doit-on être surpris par la demande du Maroc adressée dans ce sens au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et à l'Union africaine ? Ban Ki-moon prépare sa riposte à cet acte grave qui met en cause le rôle de l’ONU dans le maintien de la paix et la stabilité dans la région. Par ce geste, le Maroc joue l'escalade et cherche à provoquer un retour à la guerre, visiblement. S'il agit avec autant d'insolence, c'est qu’il a reçu les garanties de ses protecteurs (pays du Golfe) en cas de «pépin». Ce n'est pas par hasard que le Makhzen a choisi ce contexte pour montrer un tel affront envers les Nations unies : l'agression militaire saoudienne contre le Yémen, à laquelle le Maroc participe, et l'impuissance totale de la «communauté internationale» l'encouragent à montrer ses crocs. En cas de reprise de conflit contre le Polisario, il peut compter sur le soutien financier et militaire de l'Arabie Saoudite ! La famille Al-Saoud tente d’utiliser tous les moyens de pression contre d’autres pays pour élargir le soutien au Maroc et le sortir de l’isolement diplomatique dans lequel il s’enlise. Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, l’a bien compris. Il vient d’appeler les pays soutenant l'occupation marocaine à agir plutôt pour la stabilité de la région, qui passe par une paix juste et donc par l’exercice du droit des Sahraouis à l'autodétermination et à l'indépendance. Le Front Polisario a été plus précis en demandant spécialement aux pays du Golfe de renoncer immédiatement à leurs projets d'investissement au Sahara Occidental. Aussi bien la famille Al-Saoud que les monarques qui règnent sur les pays du Golfe savent que l’envoi d’hommes d’affaires au Sahara Occidental pour y investir constitue une violation flagrante de la charte des Nations unies et de la légalité internationale, s’agissant de l’exploitation de ressources qui appartiennent au peuple sahraoui dont le territoire est occupé. La dernière preuve en date est la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), suite à une plainte déposée par le Front Polisario, pour l'annulation de l'accord agricole entre l'UE et le Maroc conclu en 2012, au motif qu’il incluait le Sahara Occidental occupé. Aucun dirigeant politique dans les pays du Golfe n’ignore que le Sahara Occidental est «un territoire de conflit classé par l'ONU comme question de décolonisation». Alors, comment expliquer cet alignement des Al-Saoud et des monarchies du Golfe sur les thèses du Makhzen qui prétend que le Sahara Occidental fait partie du Maroc ? Le clivage visible dans la guerre d’agression contre la Syrie, et le Yémen aussi, s’est reproduit, ce n’est pas une surprise, sur la question du Sahara Occidental. Il ne faut pas être très perspicace pour comprendre que l’Algérie est visée par cette nouvelle manœuvre des monarchies du Golfe dans la région, avec l’appui de la France et d’autres pays occidentaux. L’agression contre la Libye en 2011 qui a conduit à installer le chaos dans ce pays devenu le sanctuaire des groupes terroristes, dont Daech, et le point de départ de leur action terroriste contre les pays voisins et dans le Sahel, a été un des éléments de la stratégie ciblant notre pays. Il est évident que les manœuvres des Al-Saoud et des monarchies du Golfe autour de la question du Sahara Occidental font partie de la même démarche avec l’intention d’aggraver la tension dans la région et créer les conditions de la déstabilisation de l’Algérie.
Houari Achouri