Une contribution de Youcef Benzatat – Terreur et corruption : de l’amnistie à la normalisation !
Les années de terreur n’ont visiblement pas suffi pour dresser définitivement une barrière au reflux de l’intolérance religieuse et ses crimes latents. Bien au contraire, l’amnistie de ses principaux pourvoyeurs s’est prolongée jusque dans la nouvelle Constitution, par la normalisation de leurs moyens, leurs méthodes et leurs principes. Edification d’une mosquée gabegie à la démesure pharaonique, poussée astronomique de salles de prière de quartiers, anarchiques, loin de toute réglementation, et instrumentalisation des imams dans des prêches démagogiques et populistes, assortis d’une aliénation du champ médiatique à l’ordre religieux. Le Dieu qui y est consacré n’est ni amour, ni tolérance, ni solidarité, encore moins de créativité et d’innovation, mais principalement d’exclusion et d’adhésion à la soumission aveugle aux principes de totalitarisme divin et terrestre. Quelle aubaine pour les ripoux de la République. Dépolitisation de la masse. Neutralisation de toute volonté d’émergence d’une opposition démocratique. Récupération des compétences ou leur exil forcé, consacrant le vide du débat politique autour d’eux. Le seul débat ou manifestation publique autorisée sont ceux qui réactivent le spectre de l’intolérance et de la terreur religieuse. Après son amnistie, voilà venu le tour de sa normalisation sournoise. De Benhadj, à Aïn Témouchent, aux prédicateurs sillonnant le pays depuis Bejaïa, jusqu’aux prêches des imams pour semer la psychose sur le danger Daech, alors que l’ANP n’en fera qu’une bouchée à nos frontières ! Vider le débat public pour vider les institutions et laisser le champ libre à l’impunité face à la corruption. Vider le débat public pour réduire au silence les représentants du peuple au Parlement et neutraliser la justice pour consacrer l’impunité par sa normalisation. Le Président est ainsi conforté pour décréter que tous les voleurs se délassant dans des pays exotiques doivent revenir au pays pour échapper aux institutions judiciaires indépendantes des pays démocratiques et d’être contraints de dévoiler la grande trahison de leurs ex-employeurs. Chakib Khelil, le trésorier des deniers publics et serviteur zélé des ripoux de la République et beaucoup d’autres n’auront rien à craindre d’y retourner, face à une opposition organique et des médias charognards dont le seul souci serait de prendre leur part. Où va l’Algérie ? Eternelle question, dont la réponse oscille entre statu quo et recolonisation.
Youcef Benzatat