Politiques et médias séniles
Par R. Mahmoudi – Combien faudra-t-il d’attentats, aussi meurtriers que ceux qui ont endeuillé la capitale belge cette semaine, pour que les faiseurs d’opinions et les politiques occidentaux se résolvent à l’idée que leurs gouvernements respectifs y ont une grosse part de responsabilité ? Deux catégories s’affrontent autour du sujet. Il y a ceux qui, faussement audacieux, clament que les terroristes qui commettent ces atrocités «font partie de nous», mais qu’il faudrait traiter comme un phénomène social à part, qui serait le reflet d’un malaise profond qui touche une communauté «longtemps marginalisée, stigmatisée et livrée aux bandes criminelles». C’est la version qui est, aujourd’hui, la plus affectionnée par les médias dominants. Il y a, en face, ceux qui, comme Robert Ménard, pensent que cette offensive terroriste est le fait de cette même communauté contre le cœur de la civilisation. «Attentats à Paris, à Bruxelles. Pas à Saint-Denis ni à Molenbeek. Comme c'est étrange !» a écrit le maire xénophobe de Béziers sur son compte Twitter. Les deux attitudes se rejoignent dans le fond et, en un sens, se complètent, puisque dans les deux cas, la responsabilité des politiques occidentales dans la fabrication du terrorisme est a priori évacuée. Il est, en effet, curieux et même dramatique d’observer que presque personne, en dehors peut-être des cercles altermondialistes exclus des centres de décision et des grands médias, n’ose, malgré tout ce qui se passe, établir un lien entre la déferlante terroriste qui s’abat sur le Vieux Continent depuis plusieurs mois et l’engagement actif des gouvernements occidentaux en faveur des mouvements armés dans certains pays arabes. Il est curieux aussi qu’aucun parti politique ni aucune ONG n’aient explicitement demandé un arrêt immédiat de cette politique aventurière. Alors que tout le monde sait que ce sont les foyers de tension en Syrie, en Libye et ailleurs, et, entre autres, les faveurs accordées à l’Arabie Saoudite qui alimentent la violence en Occident.
R. M.
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