Hémicycle aux trois quarts vide face à Laksaci : les députés violent la Constitution qu’ils ont adoptée
Lors de son passage à l’Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque centrale d’Algérie, a, certes, passé un mauvais quart d’heure en essuyant de vives critiques de quelques députés présents. Mais le plus remarquable dans cette séance plénière a été le nombre important de sièges vides au sein de l’hémicycle. Près des trois quarts des membres de l’APN n’avaient pas assisté à cette séance qui était pourtant d’une grande importance, puisqu’elle avait été consacrée à l’analyse des agrégats de l’économie nationale et de l’avenir financier du pays. Mais visiblement, la situation financière du pays constitue le dernier souci de la grande majorité des députés qui n’ont pas jugé utile d’être présents pour accomplir la mission pour laquelle ils ont été élus : défendre les intérêts du peuple. Le phénomène d’absentéisme n’est, certes, pas à son début. Au contraire. Il est devenu le sport préféré d’une bonne partie des députés qui se font très rares au sein de l’hémicycle Zighout-Youcef. Sauf que la nouvelle Constitution votée récemment par le Parlement prévoit de lourdes sanctions contre les absentéistes. En effet, l’article 116 de la nouvelle Constitution stipule que le député ou le membre du Conseil de la nation se consacre pleinement à l’exercice de son mandat. «Les règlements intérieurs de l’Assemblée populaire nationale et du Conseil de la nation prévoient des dispositions relatives à l’obligation de participation effective de leurs membres aux travaux des commissions et des séances plénières, sous peine de sanctions applicables en cas d’absence», est-il souligné. Autrement dit, la nouvelle Constitution, votée à l’unanimité ou presque par les formations politiques détentrices de la grande majorité parlementaire, interdit l’absentéisme. La prestation de Mohamed Laksaci à l’APN a donc démontré à quel point les parlementaires respectent la loi fondamentale qu’ils ont eux-mêmes adoptée. Une grande partie des députés ont brillé par leur absence lors d’un débat d’une extrême importance en ces temps de vaches maigres et de crise économique qui ne dit pas son nom. Et ces députés, censés représenter le pouvoir législatif, foulent au pied allègrement la loi fondamentale en décidant tout simplement de vaquer à leurs autres occupations qu’ils considèrent visiblement plus importantes que d’assumer leur mission au sein de l’APN. Leur attitude vis-à-vis de la Constitution démontre toute leur considération pour les lois de la République et pour les électeurs qui auraient voté pour eux. Mais le plus étrange dans cette affaire, c’est qu’il n’y a eu aucune disposition prise contre les absentéistes, comme le stipule la nouvelle Constitution. Comme quoi, il ne suffit pas d’un texte pour fonder un Etat moderne où les lois sont appliquées et respectées.
Sonia Baker