Le neveu du président Kennedy : «La CIA est responsable de l’émergence du terrorisme islamiste»
«La dépendance ruineuse vis-à-vis du pétrole a perverti la politique étrangère des Etats-Unis depuis un demi-siècle.» C’est la conclusion d’un article intitulé «Pourquoi les Arabes ne veulent pas de nous en Syrie», écrit par Robert F. Kennedy Jr. paru dans l’édition du 22 février 2016 du magazine américain Politico.Cette conclusion suggère que le titre du document aurait pu être : qu’est-ce qui fait courir les Américains vers le Moyen-Orient ? Evidemment, pas du tout une quelconque sympathie, mais le pétrole. Robert F. Kennedy Jr. (neveu du président John F. Kennedy), en parfait connaisseur des relations entre son pays et le monde arabe, confirme cette thèse en l’étayant par l’historique des ingérences américaines dans cette région, particulièrement en Syrie et en Irak, à travers les actions secrètes de la CIA et les multiples coups d’Etat réussis ou avortés visant à éliminer les présidents dans ces pays et à les remplacer par des marionnettes au service des intérêts des Etats-Unis, plus précisément de leurs sociétés pétrolières. Selon Robert F. Kennedy Jr., toute la substance de la politique étrangère des Etats-Unis, appliquée aux pays arabes, a consisté à chercher à y installer la domination de ces sociétés. Les méthodes utilisées sont celles de la CIA, c'est-à-dire les complots pour renverser les gouvernements, les assassinats de personnalités anti-américaines, des millions de dollars pour la corruption d’agents serviles, la propagande mensongère…L’auteur explique que, dès les premiers instants de l’action de la CIA contre la Syrie, l’Irak et d’autres pays arabes, qui se situent dans la deuxième moitié des années 1940, le principal instrument créé et manipulé par la CIA a été le mouvement islamiste, à l’époque, des Frères musulmans. Il démontre que, dans les faits, l’islamisme et son slogan mobilisateur, le «djihad», ont été une fabrication de la CIA. C’est dans le passé tumultueux des Etats-Unis au Moyen-Orient qu’il faut chercher à comprendre leurs difficultés actuelles à opposer une riposte efficace à Daech, estime Robert F. Kennedy Jr. Il est, par ailleurs, convaincu que l’impérialisme n’est pas dans la nature des Etats-Unis qui auraient, plutôt, pour vocation l’idéalisme. Pour lui, «au cours des sept dernières décennies, les frères Dulles, le gang Cheney, les néoconservateurs et consorts ont détourné ce principe fondamental de l'idéalisme américain et déployé notre appareil militaire et de renseignement au service des intérêts mercantiles des grandes entreprises et, en particulier, les compagnies pétrolières et les entrepreneurs militaires qui se sont littéralement enrichis de ces conflits». Résultat : «Le registre peu reluisant des interventions violentes de l’Amérique en Syrie – peu connues du peuple américain, mais bien connues des Syriens – a constitué un terrain fertile pour le djihadisme islamique violent».
Houari Achouri