Le président syrien Bachar Al-Assad effectuera-t-il une visite en Algérie ?
Une visite à Alger du président syrien, Bachar Al-Assad est-elle en préparation ? Cette éventualité n’est pas exclue et elle pourrait même être le motif du séjour dans notre pays de Walid Al-Moallem, vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, une personnalité politique de premier plan dans son pays. Walid Al-Mouallem est en visite de travail en Algérie depuis hier, lundi, à l'invitation du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, qu’il a rencontré. Il s’est également entretenu avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Que le président syrien vienne à Alger, pour sa deuxième sortie à l’étranger en cinq ans (après son passage à Moscou en octobre 2015), ne constituerait pas une surprise. Au plan officiel, on rappelle que l'Algérie agit en faveur d'une solution politique de la crise en Syrie, qui «met en avant les intérêts du peuple syrien et le respect de la légalité internationale». Dans les faits, les positions de l’Algérie et de la Syrie sont très rapprochées sur la question de la lutte contre le terrorisme et celle de l'ingérence dans les affaires internes des pays, ainsi que l’a souligné le ministre syrien à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediène. A la fin février, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui était en visite à Alger, avait indiqué que le président Bouteflika soutenait la position de la Russie concernant la résolution de la crise en Syrie, notamment en ce qui concerne les activités du groupe international d'appui à la Syrie, coprésidé par la Russie et les Etats-Unis. Fait significatif : les médias français parlent enfin de l’armée syrienne et non plus des «troupes» de Bachar Al-Assad ou du régime syrien. Ce changement de vocabulaire n’est, évidemment, pas fortuit, il est même plutôt forcé par les événements. La victoire des forces armées syriennes sur Daech, à Palmyre, et les perspectives de démantèlement total de ce groupe terroriste qui sont maintenant envisagées, ont été saluées par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et par l’Administration américaine. C’est indirectement un hommage qui est rendu aux courageux soldats syriens que les médias occidentaux et particulièrement français désignaient encore, il y a peu de jours, par «troupes gouvernementales» et qui étaient accusés, il y a quelques semaines, d’être une «force répressive» qui s’en prenait aux populations civiles. L’offensive de l’aviation russe contre les groupes terroristes en Syrie puis le cessez-le-feu excluant ces groupes, à l’initiative des diplomaties russe et américaine, ont créé de nouvelles conditions sur le terrain, favorables à l’action de l’armée syrienne. Le commandement des forces armées syriennes envisage maintenant d’entamer une progression vers la ville de Raqqa, occupée par Daech, et procéder au déblocage de Deir ez-Zor, également assiégée par les groupes terroristes. De son côté, le front diplomatique est de nouveau animé. Les pourparlers de paix entre le gouvernement syrien et l'opposition, sous l'égide de l'ONU, doivent reprendre à Genève autour des 9 et 10 avril, et le rôle du président syrien Bachar Al-Assad est évoqué en meilleurs termes. Les Etats-Unis ont donné le la : il n’est plus poussé à partir, la solution passe par lui. Du coup, Hollande et Valls parlent moins de la Syrie et Fabius plus du tout, lui qui a quitté sur la pointe des pieds le paysage moyen-oriental. Quant au nouveau ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, il ne craint sans doute pas de croiser son homologue syrien à Alger. Il n’a pas le langage guerrier de son prédécesseur et parle en termes de solution politique. Un fort courant dans les rangs du parti socialiste plaide, d’ailleurs, pour le rétablissement des contacts entre la France et la Syrie. Cela se comprend : dans la lutte antiterroriste, la contribution de la Syrie, que préside Bachar Al-Assad, est décisive.
Houari Achouri