L’opposition appelle à éloigner l’armée des luttes de clans
Les participants à la deuxième conférence de l’opposition, surnommée Mazafran II, ont appelé le pouvoir politique à éloigner l’institution militaire des jeux politiciens et des luttes de clans. Dans la déclaration finale sanctionnant les travaux de cette deuxième rencontre, l’opposition a clairement mis en garde le pouvoir contre les conséquences de l’implication de l’armée dans des considérations claniques. Elle met en avant les dangers qui entourent l’Algérie et la nécessité de renforcer le front intérieur autour de l’armée afin qu’elle assure la sécurité nationale et protéger le pays contre toute menace extérieure. Plusieurs intervenants ont relevé le contexte d’instabilité qui caractérise les pays du voisinage et son impact sur la stabilité nationale. Le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Aderrezak Mokri, a insisté sur la situation tendue qui prévaut au niveau des frontières. Une situation qui alourdit les responsabilités des éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) qui doivent être exclusivement concentrés sur leur mission primaire qui est de veiller sur la sécurité nationale. L’opposition a ainsi affirmé qu’elle est totalement mobilisée derrière son armée pour contrecarrer «toute menace à l’encontre de l’unité nationale et de la cohésion sociale». «Le véritable bouclier qui protégerait l’Algérie est la stabilité de son front intérieur, laquelle ne peut être préservée qu’avec l’enracinement de l’esprit patriotique chez l’ensemble des Algériens», a poursuivi le responsable du MSP. Les participants au sommet de l’opposition ont également renouvelé leur appel pour une transition qui soit «démocratique, souple et pacifique» et au bénéfice de tous les Algériens. Ils ont réitéré leur exigence d’une véritable instance indépendante d’organisation des élections, à même de garantir des scrutins «neutres et transparents». Le président de Talaie El Houriyet, Ali Benflis, a, lui aussi, mis en garde contre «les dangers réels qui guettent la sécurité du pays», considérant que «le véritable garant de la stabilité de la nation est un pouvoir qui bénéficie de toute sa légitimité constitutionnelle» et que «toute menace appelle à une riposte nationale». Les participants au sommet ont annoncé un nouveau projet politique et économique comme alternative. Ils ont prévenu dans ce sillage contre l’utilisation des services de sécurité et de la justice contre l’opposition. Les participants demandent à ce que les corps de sécurité soient éloignés de toute mission anticonstitutionnelle. La conférence s’est tenue en l’absence de trois participants de poids. Il s’agit du Front des forces socialistes (FFS) qui a décliné l’invitation à cette deuxième rencontre. Le plus vieux parti de l’opposition a participé à la première rencontre qui a eu lieu le 10 juin 2014. Autres absents, les deux anciens Premiers ministres, Sid Ahmed Ghozali et Mouloud Hamrouche. Si le FFS dit s’inscrire dans sa propre démarche d’une conférence nationale du consensus qui peine à trouver preneur, les deux anciens Premiers ministres n’ont nullement expliqué leur absence à ce grand rendez-vous de l’opposition. Mouloud Hamrouche semble préférer agir en électron libre pour mieux se mettre en valeur à la faveur des futures échéances politiques et électorales.
Sonia Baker