Laurence Rossignol, les «nègres» et le voile
Par Anaaf – Laurence Rossignol, ministre chargée des femmes au sein du gouvernement socialiste français, délire sur «la mode de la tenue vestimentaire islamique». Invitée de Jean-Jacques Bourdin le 30 mars 2016, elle compare les femmes musulmanes qui portent le voile aux «nègres afro-américains qui étaient pour l’esclavage». Pitoyable et révoltant pour une femme, ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes au sein d’un gouvernement sensé être laïc et responsable. Ses propos n’ont rien à envier à ceux de l’extrême droite, tellement ils sont répugnants et pour lesquels tous ceux qui sont attachés aux valeurs de respect de l’autre ne peuvent avoir que mépris et aversion. Madame Rossignol s’est dévoilée comme un oiseau qui s’adapte à la chanson en vogue du politiquement incorrect. «Racisme et islam bashing», encore plus et tous les jours. Comme beaucoup de personnalités politiques en panne d’idées pour sortir la France des difficultés économiques et sociales auxquelles elle est sérieusement confrontée, la ministre du gouvernement de monsieur Valls se rabat sur l’argument délirant d’une tenue vestimentaire qui, mise en valeur par des couturiers, définirait à ses yeux le militantisme politique. En tant que citoyens français d’origine algérienne, nous rappelons à cette ministre, sans doute ignorante volontaire de l’histoire coloniale, que dans l’Algérie des années 1950, «les responsables de l’administration française en Algérie vont porter le maximum de leurs efforts sur le port du voile conçu en l’occurrence comme symbole du statut de la femme algérienne. L’administration dominante par l’intermédiaire des femmes de dignitaires militaires va entreprendre des actions concrètes afin de défendre les femmes algériennes humiliées, cloîtrées, etc. On invite les femmes algériennes à s’indigner et à jouer un rôle fondamental contre leur voile et leur réclusion, à chaque dose de semoule distribuée correspond une dose d’indignation contre le voile et l’oppression des femmes ! L’administration coloniale investit des sommes importantes dans ce combat, car gagner les femmes aux valeurs de l’administration coloniale, c’est conquérir un pouvoir réel sur les hommes et, de là, déstructurer la culture algérienne». Plus récemment, le 10 février 2001, New York, lors des cérémonies du Victory Day, au Madison Square Garden, a été le siège d’un remake néo-colonialiste, inspiré de l’action psychologique de l’armée française de l’époque. En effet, une jeune Afghane a été au centre d’une cérémonie médiatique de dévoilement. La jeune Afghane portant une burqa monte solennellement sur une scène où elle est accueillie par l’influente présentatrice de télévision Oprah Winfrey qui lui ôte lentement son vêtement ! Cette femme est donc délivrée et sauvée par l’icône féministe nord-américaine, qui la fait passer, symboliquement, de l’espace de l’ombre et du voilement à celui de la modernité, du dévoilement et de la lumière… C’est en procédant ainsi que les tenants de l’action psychologique du politiquement incorrect qui exploite le racisme, «l’islam bashing» et surtout l’image des femmes musulmanes aident les extrémistes obscurantistes qui se réclament de l’islam à associer, dans l’imaginaire idéologique qu’ils veulent imposer, la tutelle coloniale au dévoilement et de là à toute conception de libération ou d’émancipation jugées comme étant des concepts aliénants puisque revendiqués par le colonisateur. Ils oublient que la liberté ne se négocie pas en termes de féminisme ou de tenue vestimentaire, mais qu’elle pourrait être à l’origine d’une recherche de pudeur qui n’est pas réservée aux seules musulmanes, voilées ou pas. Pour toutes ces raisons, les défenseurs de la «liberté contrôlée» pour certaines femmes, comme semble l’être aujourd’hui une ministre en charge de toutes les femmes dans le gouvernement de la République laïque française, n’ont d’autre choix que d’avoir recours à la démagogie politique pour tenter de rallier à leur cause, celle d’une laïcité sélective, exclusive de l’islam, sans se donner la peine de découvrir ce que le Coran transmet comme orientations ou éthique vestimentaire avec le corps, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. En effet, certains médias et hommes politiques en Europe réduisent l’éthique de notre religion au comportement vestimentaire des femmes, et uniquement à cela. Autrement dit, à la façon précise dont elles doivent être recouvertes comme veulent l’imposer idéologiquement les extrémistes qui se réclament de l’islam. Or, le Coran n’a pas insisté sur des vêtements spécifiques ou un aspect extérieur précis des femmes. C’est plus à un comportement de «décence» physique, mais surtout morale, qu’il invite tout autant les femmes que les hommes. Concernant les femmes, le Coran prescrit une certaine «apparence extérieure» qui leur permet de concilier leurs convictions spirituelles et leur contexte social respectif. Il ne fait aucune mention d’«uniforme» religieux qui serait strictement «islamique», comme certains obscurantistes veulent l’imposer de nos jours. La force spirituelle première des musulmanes et des musulmans n’est pas de déterminer des normes ou modes vestimentaires figées qui seraient «fixées» une fois pour toutes, mais plutôt de défendre une «éthique» relative à la fois au corps et à l’esprit pour construire une société saine et solide à laquelle tous les citoyens, hommes ou femmes, seraient fiers d’appartenir.
Alliance nationale des associations des Algériens de France
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