Amar Saïdani veut faire imploser le RND : est-ce le début de la fin pour Ahmed Ouyahia ?
Officiellement, le Rassemblement national démocratique (RND) a boycotté la rencontre du front de soutien au chef de l’Etat initiée par Amar Saïdani. La direction de ce parti qui appuie l’action du gouvernement et apporte son soutien à Abdelaziz Bouteflika a clairement refusé d’adhérer à l’initiative du secrétaire général du FLN relative à la création d’un front élargi de soutien au programme du président de la République. Mais des cadres et des figures connues du RND étaient parmi les participants au meeting de ce front élargi de Saïdani. Parmi ces participants, Khalfa Mebarek, cadre de cette formation dirigée par intérim par Ahmed Ouyahia et président de l’Organisation nationale des enfants de moudjahidine (Onem). Et il n’y avait que lui. Nouria Hafsi, secrétaire générale de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA) était également aux côtés du secrétaire général du FLN. Nouria Hafsi a été parmi les militants qui ont mené le mouvement de redressement contre Ahmed Ouyahia en 2013. S’ils se sont déplacés à ce meeting en tant que responsables d’organisations qui soutiennent le chef de l’Etat, ces deux cadres du RND ont tenu à mettre en avant leur obédience politique. Trois membres du bureau de wilaya d’Alger ont également pris part à ce show politique, malgré la non-participation officielle du RND à l’initiative du FLN. Pour de nombreux observateurs, la présence de ces figures connues du RND au meeting de mercredi est un coup porté à la direction du parti et, en premier lieu, à son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui a été vivement attaqué par Amar Saïdani. Ce dernier a même accusé le directeur de cabinet de la Présidence, la veille de cette rencontre, d’avoir pris la décision de boycotter le meeting contre la volonté des cadres du parti et de ses militants. Au FLN, on présente la participation de ces figures de proue du RND comme une «victoire» d’Amar Saïdani contre Ahmed Ouyahia. Pour l’entourage du SG du FLN, cela prouve qu’Ahmed Ouyahia «ne représente pas le RND» et «est en déphasage avec sa base militante». En tirant maintes fois à boulets rouges sur Ahmed Ouyahia, Amar Saïdani semble donc avoir réussi à réveiller les «vieilles querelles» au sein de ce parti de l’alliance présidentielle. Des opposants farouches à Ahmed Ouyahia reprennent du service à la faveur du congrès du parti qui se tiendra en mai prochain. A deux mois de ce grand rendez-vous organique, le RND paraît ainsi plus que jamais divisé. Des voix s’élèvent contre la gestion de successeur intérimaire d’Abdelkader Bensalah et de son équipe. Est-ce le début de la fin pour Ahmed Ouyahia ? Le FLN d’Amar Saïdani réussira-t-il à le débarquer de la présidence de la République où il occupe le poste de directeur du cabinet ? Du côté du RND, c’est le silence radio.
Sonia Baker