Terrorisme : Ghozali fustige les forces politiques occidentales «aveuglées par leur propre ignorance»

L’ancien chef de gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, a estimé, dans un forum sur la réaction des musulmans vis-à-vis du terrorisme, que ces derniers ne manifestent pas contre ce phénomène «parce qu'ils y sont – peut-être – plus accoutumés que les non-musulmans». «Depuis des décennies, explique-t-il, ce même terrorisme les frappe quotidiennement». Sid-Ahmed Ghozali relève qu’«on n'oublie que trop, qu'en moyenne, pour un non-musulman assassiné, mille et même plus de mille musulmans sont massacrés au nom de l'islam». «Cela ne diminue en rien l'horreur des tueries de Paris ou de Bruxelles», souligne-t-il, pour éviter toute fausse interprétation de ses propos. «Cela, pour dire que dans la lutte contre le terrorisme, le plus sûr des alliés est au sein même des populations musulmanes ; celles-là mêmes que des forces politiques aveuglées par leur propre ignorance ne cessent pas de stigmatiser», note l’ancien ministre des Affaires étrangères entre 1989 et 1991. Selon Sid-Ahmed Ghozali, qui avait été nommé chef du gouvernement après la grave crise née de la subversion islamiste en juin 1991 et le limogeage de son prédécesseur Mouloud Hamrouche, «l'éradication du terrorisme passe par deux conditions incontournables, nécessaires et suffisantes : déterminer les responsabilités des Etats dans la naissance et le développement du phénomène et gagner la participation des principales victimes du phénomène». «Trois totalitarismes détiennent ces populations en otage», affirme-t-il. Il évoque, ainsi, «les despotismes locaux, le totalitarisme qui usurpe l'islam et le totalitarisme impérial planétaire». Pour Sid-Ahmed Ghozali, «tant que ce triangle infernal perdurera, il n'y a pas l'espoir de protéger pleinement et durablement les populations civiles». «L'Europe et les Etats-Unis, bien qu'alliés, n'ont pas les mêmes intérêts dans notre région», a-t-il conclu.
Karim B.