Le docile Ouyahia s’agrippe
Par Kamel Moulfi – «Interviewé» hier par Ennahar TV (encore et toujours), Ouyahia a-t-il dit ce qu’il pense vraiment ou lui a-t-on soufflé ses réponses ? Et, d’abord, a-t-il lui-même souhaité s’exprimer ou a-t-il été forcé à le faire ? Les attaques d’une virulence rare de Saïdani contre Ouyahia ont laissé croire que le secrétaire général du RND allait riposter et qu’il répondrait comme il a l’habitude quand il s’agit d’un protagoniste de l’opposition. Mais, là, rien ! Le miracle n’a pas eu lieu. Sur l’affaire Khelil, Ouyahia affirme que le procureur de la République a été «poussé à tenir sa conférence de presse» dans laquelle il annonçait que la justice algérienne lançait un mandat d'arrêt contre l’ancien ministre de l’Energie, ce qui est un aveu que la justice est sous les ordres de l'Exécutif et n'est pas du tout indépendante. La conviction d’Ouyahia est que Khelil n'est poursuivi nulle part. Il est inutile de se demander pourquoi Ouyahia a attendu pour se prononcer en ces termes que l’opération de réhabilitation de Khelil lancée par Saïdani soit en bonne voie. Il a soutenu la révision constitutionnelle qui a permis un troisième puis un quatrième mandat au président Bouteflika et, ensuite, il a changé de discours pour se faire l’avocat de la nouvelle Constitution qui ramène le nombre de mandats à deux. Connaissant l’art consommé chez Ouyahia de faire le dos rond, on peut penser qu’il a privilégié le réalisme en restant dans le rang. Il s’est vu sommé de prouver sa fidélité publiquement ; il n’a pas hésité à le faire. Il met son poids et celui de son parti, le RND, au service de l’opération de réhabilitation de Chakib Khelil, pilotée par Saïdani. Il est clair qu’Ouyahia ne veut pas se retrouver dans la position des «ex-» chefs du gouvernement qui ont été des acteurs majeurs dans les beaux jours du «système» avant d’en être éjectés comme des malpropres. Au mieux, Ouyahia sait qu’il serait condamné à subir le sort d’Abdelaziz Belkhadem, son «jumeau» politique, figé dans une position d’attente silencieuse avec l’espoir qu’il soit rappelé à rejoindre le sérail. Il est prêt à faire du zèle, mais il sait qu’il ne dépassera jamais Saïdani dans la surenchère. Ouyahia s’agrippe au pré-carré présidentiel, considérant que c’est là que se joue son destin politique. Jusqu’à quand ? Attendons le coup de grâce que Saïdani va lui asséner pour savoir quel sort sera réservé au docile directeur de cabinet de Bouteflika et patron momentané du RND.
K. M.
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