Des cadres du RND dénoncent les «dérives» d’Ouyahia et réclament le report du congrès
Attaqué de l'extérieur de son parti par notamment les responsables du FLN, Ahmed Ouyahia doit désormais s'armer contre une nouvelle fronde interne qui prend de l'ampleur à un mois de la tenue du congrès extraordinaire du RND, prévu du 5 au 7 mai prochain. Le premier acte de ce qui s'apparente à une seconde opération de destitution d'Ahmed Ouyahia a été accompli par un groupe de cadres du parti, des membres du conseil national, du bureau national et d’anciens députés. Ces frondeurs, qui ont mené leur premier conclave le 4 avril passé, ne sont pas tous nouveaux. Certains, à l'instar de Tayeb Zitouni, ancien président de l’APC d'Alger-Centre, et Nouria Hafsi, présidente de l'UNFA, ont même été les initiateurs du premier mouvement de redressement ayant poussé Ahmed Ouyahia à la démission le 3 janvier 2013. D'autres cadres, comme Mostafa Yahi, Mokhtar Boudina, Zoghbi Smati Azzeddine Saâdi ou encore Ali Sahel, se mettent en orbite pour faire barrage, selon toute vraisemblance, à la réélection d'Ouyahia à la tête du RND. Bien qu'ils ne ciblent pas directement le secrétaire général par intérim, ces cadres du RND s'élèvent contre de «graves dysfonctionnements» et des «dérives» qui auraient émaillé la préparation du congrès extraordinaire. Ils dénoncent également, dans un appel aux cadres et militants, les dépassements et les irrégularités commis par la commission nationale de préparation du congrès que préside justement Ahmed Ouyahia en sa qualité de secrétaire général par intérim. Ces nouveaux frondeurs parlent de l'exclusion et de la marginalisation de nombreux militants du parti et l'institution de la cooptation et la désignation comme moyen de sélection des congressistes, foulant au pied le principe cardinal d'un fonctionnement démocratique, à savoir le vote par la base militante. Ces cadres du parti qui montent au créneau demandent le report de la tenue du congrès extraordinaire afin de se pencher sur tous les dépassements signalés et revoir totalement la préparation de cet important rendez-vous. La sortie de ce groupe de «frondeurs» intervient une semaine après l'attaque virulente du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, contre Ahmed Ouyahia qu'il accuse de vouloir arracher au président Bouteflika le fauteuil présidentiel. La revendication par le FLN du départ d'Ahmed Ouyahia de la présidence de la République semble avoir été l'élément déclencheur de cette nouvelle fronde. Après près d'une année d'un retour tonitruant à la tête du RND, Ahmed Ouyahia fait l'objet d'une nouvelle action hostile dans ses propres rangs. Va-t-il se battre ou choisira-t-il la démission comme il l'avait fait en 2013 ? Tout dépendra de la tournure que prendront les événements d'ici la date fixée pour la tenue du congrès extraordinaire et, surtout, de sa position actuelle dans le sérail.
Hani Abdi