Les bureaux de change réautorisés à échanger les devises : un petit pas dans la lutte contre l’informel
La réautorisation des bureaux de change à effectuer des opérations de change des devises, une mission rendue exclusive aux banques depuis 2007, constitue un pas dans la lutte contre le marché informel de la devise mais son aboutissement dépendra de l'attractivité des taux de change qui seront pratiqués, estiment des experts. Le nouveau règlement de la Banque d'Algérie (BA) relatif aux règles applicables aux transactions courantes avec l'étranger et aux comptes devises, qui vient d'être publié au journal officiel, apporte en fait une seule nouveauté : autoriser les bureaux de change à effectuer des opérations de change. L'exercice de ces bureaux en Algérie a été autorisé en 1997, une activité qui n'a cependant pas incité les personnes morales et physiques à s'y impliquer, vue la faible offre des devises et la faible rémunération de ces bureaux, fixée à 1% par la BA. Sur les 46 bureaux de change agréés depuis 1997, seulement six sont encore ouverts à ce jour. La Banque d'Algérie avait ainsi introduit un règlement en 2007, relatif aux comptes devises, qui limite l'exercice des opérations de change aux banques. Le nouveau règlement de la Banque centrale, publié au du journal officiel, est venu modifier l'article 21 du règlement de 2007 pour réautoriser les bureaux de change à effectuer des changes de devises. Quant aux prérogatives de ces bureaux, elles restent inchangées, par rapport à l'instruction 03-97 du 16 avril 1997, régissant l'activité de ces opérateurs : acheter des devises contre des Dinars pour ce qui est des résidents et non-résidents et vendre des devises contre des Dinars pour les non-résidents exclusivement. Cette vente des devises reste cependant conditionnée : elle ne peut se faire qu'à «concurrence du reliquat des dinars en leur (les non-résidents) possession à la fin de leur séjour en Algérie et provenant d'une cession de devises préalablement réalisée», stipule le nouveau règlement. En dehors de cette exception, l'achat des dinars contre des devises reste interdit aux bureaux de change. Sinon, une convertibilité totale du Dinar, c'est à dire le libre achat et de vente de la monnaie nationale contre des devises serait «un suicide» pour la balance des paiements algérienne, dira une source bancaire à l'APS. «Aucun pays émergent, qui a des rentrées limitées en devises ou issues d'une seule ressource, comme les hydrocarbures pour l'Algérie, ne peut autoriser une convertibilité totale de sa monnaie ! Car une telle mesure se répercutera immédiatement par une sortie massive des devises vers l'étranger», explique la même source. «Même les institutions internationales les plus libérales comme le FMI n'ont pas demandé, ni à l'Algérie ni à un autre pays émergent, de rendre totalement convertible sa monnaie», soutient-on en réponse à certains observateurs ayant prédit une telle mesure.