Les blanchisseurs
Par R. Mahmoudi – Le gouvernement algérien croit-il sérieusement qu’en dressant un mur de refus massif aux révélations impliquant un de ses membres dans cette affaire dite «Panama Papers», il va pouvoir se tirer d’affaire ? Au lieu de réagir avec discernement, les différents ministres, à commencer par Abdesselam Bouchouareb dont le nom est cité dans le scandale, ont préféré s’enfoncer en avançant frénétiquement et maladroitement des arguments qui, en d’autres occasions, auraient pu soulever l’opinion nationale. En ramenant tout à la publication d’une illustration du chef de l’Etat dans un article de presse évoquant l’implication d’un officiel algérien dans une scabreuse affaire, Noureddine Bedoui et les autres cherchent désespérément à détourner le débat, comme ils ont l’habitude de faire. Mais, cette fois-ci, la couleuvre est trop grosse. Ils ne savent pas qu’avec une telle attitude, ils font monter d’un cran les frustrations sociales, qui sont déjà très profondes et contribuent, par là même, à l’effondrement moral du pays, à l’heure où les discours officiels et partisans ne tarissent pas d’appels au renforcement du «front interne» pour faire face aux multiples périls qui guettent l’Algérie. Pourtant, ils n’ont qu’à voir autour de nous pour se rendre compte qu’il y a d’autres manières de traiter ce type de problèmes, et qu’un minimum d’honnêteté est exigé des responsables au moment d’affronter l’opinion publique. Ils n’ont qu’à s’inspirer du débat qui s’est instauré en Islande, pays dont le Premier ministre a présenté sa démission dès le lendemain de la divulgation du scandale, et en Grande-Bretagne où la pression publique a fini par faire sortir le Premier ministre de son silence et lui arracher des aveux qui risquent, là aussi, de l’emporter. Et, dans les deux cas, on n’a vu aucun ministre, aucun officiel prendre la défense de son chef ou tenter de le blanchir.
R. M.
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