Malika Matoub révèle : «Nordine Aït Hamouda a de nouveaux éléments sur l’assassinat de mon frère»
Malika Matoub a décidé de demander à la justice algérienne la réouverture du dossier sur la mort de son frère Lounès, chantre de la chanson kabyle, assassiné le 25 juin 1998, à Tala Bounane. «J’ai pris la décision de demander à la justice algérienne de rouvrir le dossier de l’assassinat de Matoub Lounès parce qu’il y a du nouveau», a-t-elle annoncé sur la chaîne de télévision Berbère TV. Interrogée par Kamel Tarwiht, Malika Matoub, qui préside la fondation dédiée à la mémoire de son frère, a assuré avoir pu obtenir de nouveaux éléments à verser dans le dossier, après sa rencontre, il y a quelques jours, avec Nordine Aït Hamouda. Elle affirme, en effet, avoir pris cette décision après sa rencontre avec l’ancien chef des Patriotes. «Nordine Aït Hamouda détient de nouveaux éléments sur ce dossier», a-t-elle insisté, expliquant qu’elle cherchait inlassablement depuis 18 ans la vérité sur l’assassinat de son frère. «Nordine Aït Hamouda s’est rapproché de moi pour contribuer à faire éclater la vérité sur cet assassinat. Il est le bienvenu. Demain, Saïd Sadi, Amara Benyounès ou Ould Ali El-Hadi voudraient eux aussi dire leur vérité sur cette affaire ; ils seront accueillis de la même manière», a-t-elle souligné, considérant que «toute personne qui a un semblant de vérité qui pourrait servir à faire jaillir la lumière sur cet assassinat est la bienvenue». «Qu’est-ce que je réclame depuis 18 ans ? Je réclame un procès équitable pour que chacun puisse dire ce qu’il sait sur cette affaire», a-t-elle assuré, soulignant que l’un des éléments nouveaux dans ce dossier, c’est que Nordine Aït Hamouda a accepté d’être auditionné par le juge. «Il m’a dit qu’il dirait tout ce qu’il sait à la justice. Il ne sera pas seul. Si lui a sa vérité, d’autres apporteront également la leur», a-t-elle précisé. Malika Matoub a estimé qu’il «vaut mieux tard que jamais», révélant qu’elle s’apprêtait à déposera une nouvelle plainte contre X, avec ces éléments nouveaux. Selon elle, il y a des responsables au RCD qui doivent s’expliquer devant la justice. «Il y a ceux qui disent qu’il a été tué par les terroristes. Mais nous soupçonnons un crime politique, avec de graves ramifications. Ahmed Djeddaï est cité à comparaître. Des journalistes aussi. En tout, 52 personnes seront appelées à la barre, dont Saïd Sadi, ancien président du RCD, Amara Benyounès, ancien ministre du Commerce, et Ould Ali El-Hadi, l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports. Pour Malika Matoub, «cette affaire est un mélange entre l’intox, la manipulation, le mensonge et la vérité». Elle a affirmé que le rapport d’enquête internationale menée à l’étranger serait remis à la justice algérienne. Dans ce rapport, il y a une étude balistique et d’ADN effectuée par des experts mandatés par les tribunaux pour ce faire. «Le rapport de cette enquête sera remis au tribunal avec l’étude balistique et une reconstitution de la scène du crime, faite par un bureau d’experts étrangers. Cela, en plus de nouveaux témoignages», a-t-elle relevé, précisant que Nordine Aït Hamouda lui a assuré qu’il dirait devant les juges «qui l’a appelé pour l’informer de l’assassinat de Matoub Lounès cinq minutes après le crime». Pour elle, «l’affaire de Lounès ne fait que commencer». Malika Matoub estime que ce procès revient sur la scène nationale à un moment où s’opère une décantation sur la scène politique. «Si cette décantation permet de faire éclater la vérité sur cet assassinat, tant mieux !» a-t-elle dit. Malika Matoub ne considère pas le jugement de Chenoui Mahieddine, alias Abdelhak, et Medjnoun Malik, en juillet 2011, par le tribunal criminel de Tizi Ouzou, pour «adhésion à un groupe islamiste armé» et «participation et complicité d’assassinat» comme étant le procès de Matoub Lounès. Elle réclame un «vrai procès» où «tout le monde» serait présent.
Sonia Baker