Manuel Valls soulèvera le refus de visas à des journalistes français avec Sellal
Dans un message sur son compte Twitter, le Premier ministre français, Manuel Valls, a commenté le refus par Alger de délivrer des visas d’entrée à un journaliste du quotidien Le Monde et à une équipe du Petit Journal de Canal+. Attendu depuis ce matin à Alger, le Premier ministre français a exprimé ainsi ses «profonds regrets» quant à ce refus, assurant ainsi les médias français qu’il soulèvera cette question avec son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. «Je serai à Alger pour notre coopération, mais je reviendrai sur ce point dans l’amitié et la franchise», a-t-il affirmé, lui qui a été vivement critiqué pour avoir maintenu sa visite de travail en Algérie prévue de longue date. Le Premier ministre français, qui se déplace en Algérie dans le cadre de la réunion intergouvernementale relative à l’évaluation du partenariat bilatéral, a subi de fortes pressions de la classe politique française et des médias afin qu’il reporte ou annule carrément sa visite. Le principal argument mis en avant par les médias parisiens, c’est le fait que son principal interlocuteur algérien, à savoir le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb, a été cité dans le scandale «Panama Papers» comme détenteur d’un compte en offshore dans lequel il a mis 700 000 euros. Manuel Valls se retrouve ainsi dans un véritable dilemme avec cette affaire de refus de visas à des journalistes qui devaient faire partie de la délégation qui l’accompagne en Algérie. Le Premier ministre français a tenté de déminer le terrain en appelant, vendredi, son homologue algérien. En vain. Le refus de visas au journaliste du Monde et à ceux de Canal+ s’est avéré irréversible. Par solidarité, plusieurs médias français ont annoncé le boycott de la visite de Manuel Valls en Algérie. France Culture, France Inter, Libération et Le Figaro ont précisé que cette décision de boycott est prise en solidarité avec leur confrère du Monde, privé de visa par les autorités algériennes en raison du traitement du scandale des Panama Papers par le quotidien français, notamment les informations visant l'Algérie. «Par ce geste, nous entendons protester contre ce que nous considérons comme une entrave à la liberté de la presse», poursuivent-ils dans un communiqué. Dans un texte distinct, Le Figaro a indiqué, pour sa part, qu’«au nom de la liberté de la presse, (il) n'enverra pas de journaliste en Algérie pour suivre le voyage de Manuel Valls». Il est à rappeler qu’Alger avait vivement protesté contre ce qu’elle a qualifié de «campagne hostile» des médias français après la publication des «Panama Papers», dont des aspects concernent des personnalités et responsables algériens. Valls est aussi attendu sur cette question en Algérie.
Sonia Baker